2017 M01 14
En mai 1976, Bowie est en Europe. Il vient de publier « Station To Station » et s’apprête à donner six concerts grandioses à Londres. À l’issue d’une de ces représentations, il fait la rencontre d’un des producteurs les plus essentiels à son évolution stylistique : Brian Eno. Leur entente n’est pas toujours très cordiale, leur style de vie est plus porté sur la consommation de « coco » que sur le repos, mais leur association fonctionne. À l’écoute de « Low », finalisé aux studios Hansa de Berlin à l’automne 1976, elle fonctionne même très bien.
« On sent que Bowie a plus fait ce disque pour l’art que pour le succès. Il ne peut définitivement plus être confondu avec un chanteur pour midinettes : il s’inscrit dans l’histoire et dans une certaine idée de l’avant-garde. » Agnès Gayraud, de La Féline, dit vrai : quand « Low » sort le 14 janvier 1977, quelques jours après le trentième anniversaire de Bowie, personne ne le comprend réellement. C’est un disque très étrange, sans tube, rempli à moitié de morceaux instrumentaux, à mi-chemin entre la new-wave, le krautrock, la pop et l’ambient. Autant dire un immense fourre-tout, presque schizophrène, mais toujours savamment maîtrisé.
À prendre comme une énième incarnation de Bowie ou comme le climax de sa perpétuelle soif de nouveaux espaces sonores, « Low », dont l’influence se ressent aussi bien chez Joy Division que chez Philip Glass, amorce en tout cas cette fameuse trilogie berlinoise, celle qui fascine par ses ambitions expérimentales et radicalement modernes. « Les chansons de « Low » ne sont pas spécialement populaires, il n’y a pas de nostalgie générationnelle autour de ce disque, les gens ne vont pas chanter sur les chansons de « Low » comme avec Under Pressure ou Let’s Dance », croit savoir La Féline. Avant de conclure : « Mais il y a des tas de disques « importants » qui n’ont jamais été populaires. »