Hyacinthe, l’interview punchline

  • « Sarah » est l’un des albums de cet automne. On a donc demandé à Hyacinthe de nous en expliquer le sens, mais aussi de nous causer des punchlines qui l’ont marqué dans le hip-hop.

    « On jouait à l’amour / Nous étions mauvais acteurs / Mais on jouait tous les jours » (Sarah de Hyacinthe)

    Contrairement à mes albums précédents, où je faisais souvent allusion à la figure de la putain, aujourd’hui je suis dans des relations un peu plus apaisées et saines. Pour être franc, j’ai beau avoir donné le prénom de ma petite amie à ce disque, je ne peux m’empêcher de croire que l’amour est quelque chose de compliqué. Même quand ça paraît simple, j’ai l’impression qu’il y a anguille sous roche…

    « Je suis persuadé que beaucoup de gens prennent des ecstasys le week-end pour éviter de faire une psychanalyse. »

    « Ils appellent ça « suicide » / Nous on appelle ça faire la fête » (Arrête d’être triste de Hyacinthe)

    Même si certains ne peuvent ou ne veulent pas le comprendre, je suis persuadé que beaucoup de gens prennent des ecstasys le week-end pour éviter de faire une psychanalyse. C’est de ça dont parle le morceau, de cette notion d’autodestruction chez l’homme, de cette envie de nous faire du bien tout en nous faisant du mal. Je suis moi-même persuadé que te droguer et passer la nuit avec une fille que tu ne connaissais pas quelques heures avant peut te faire beaucoup plus de bien que de manger bio ou aller voir un psy.

    « Je suis Manset avec de l’Auto-Tune / Nekfeu avec de la drogue dure » (Avec nous de Hyacinthe)

    Je ne dis pas ça dans le but d’être volontairement inclassable, ce serait d’ailleurs beaucoup plus simple pour moi si je l’étais. L’idée, c’est juste de dire qui je suis avec des allusions un peu abstraites. Je tenais aussi à faire référence à Gérard Manset, un mec que j’ai réellement découvert il y a deux ans et qui m’a bien chamboulé. Pendant longtemps, j’ai méprisé la chanson française, plus par méconnaissance qu’autre chose. Aujourd’hui, ça me nourrit du point de vue de l’interprétation et dans cette capacité qu’ont des mecs comme Christophe à perpétuellement rester ouvert aux nouveautés tout en conservant leur style.

     « Légende d’hiver c’est moi, une icône pour les âmes grises / C’est la crise, attend qu’la pluie tombe derrière la vitre » (Légende d’hiver de Nessbeal)

    Nessbeal, c’est un de mes rappeurs préférés, un de ceux qui m’ont marqué et dont les textes font écho à ma vie. Il est un peu méconnu malheureusement, mais il utilise un champ lexical très fort, une poésie brute et ne s’étale jamais trop dans ses morceaux. Il se définit lui-même comme un « poète analphabète », et ça me plaît bien. Ça va à l’encontre de toute forme d’élitisme culturel.

    « Pas à pas, de pied ferme, sans savoir où j’vais / J’ai souvent cherché la merde, je l’ai toujours trouvée » (Pitbull de Booba)

    La première phrase me rappelle que, même si la musique commence à devenir un métier, je ne sais pas trop combien de temps ça va durer, ni combien de temps je vais continuer à avancer sans me poser trop de questions. La deuxième, résume ma vie, toutes ces fois où j’ai cherché la merde presque consciemment. Un peu comme si je donnais un coup de tête dans le mur juste pour voir si je pouvais le péter.

     « Solides, on s’arrache les trophées, meurt jeune en voiture dans la brume / Rentre et ressort, on libère des potos dans des écrans de fumées » (Solides de SCH) 

    Il y a tellement de morceaux de SCH qui m’ont marqué que ce n’est pas facile de choisir. Pour moi, ce morceau fait écho à Sur ma vie, il y a plein de thèmes et d’images qui me touchent. C’est un peu comme si lui aussi avait besoin de systématiquement prendre des chemins de traverse, de ne pas tomber dans la routine. C’est peut-être bête, mais cette phase me confirme qu’il est important de perdre le contrôle.

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