Le "Homework" des Daft Punk fête ses 20 ans

  • Le 20 janvier 1997, Daft Punk s’invite sans complexe dans la cour des grands avec « Homework », un premier album aux idées neuves, souvent brutales et exigeantes. Vingt ans plus tard, le duo est devenu une icône, accentuant ainsi davantage le mythe autour des seize titres réunis ici. Un culte expliqué en cinq points.

    1996 : signature chez Virgin. Entre janvier et mai 1996, alors qu’ils font déjà la fierté de toute la scène underground, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Cristo s’enferment dans la Daft House (en gros : la chambre de Bangalter) pour mettre au point leur premier album. Une fois le travail achevé, le duo parisien entame les discussions avec Virgin. Les négociations durent six moins. Certains techno-rigides les accusent de trahison, mais les Daft viennent surtout de réussir un coup inédit : signer sur une major tout en conservant leur liberté artistique via leurs structures, Daft Trax et Daft Arts. « Pour nous, la multinationale pouvait faire avancer le système, argumentait Thomas Bangalter aux Inrocks. C’est aussi pour ça qu’on a décidé de mettre Da Funk sur l’album, parce que, sur une multinationale, on savait qu’on allait toucher beaucoup de gens qui ne connaissaient rien à la musique électronique. À l’époque, il n’y avait presque pas de disques de ce type chez des majors. »

    Une bulle d’air frais. Alors que la Britpop s’essouffle et que les artistes hip-hop croulent sous les procès judiciaires, c’est à Daft Punk qu’est demandé en 1997 de dynamiter la scène musicale. On synthétise, bien sûr, mais l’idée est là. Après tout, « Homework », c’est clairement la B.O. de toute une génération. C’est Da Funk et sa profession de foi surréaliste : « Da funk back to the punk come on. » C’est Rollin’ & Scratchin’ et sa nervosité imparable. C’est Around The World et son beat entêtant. C’est aussi les treize autres morceaux qui, tous à leur manière, c’est-à-dire puissante et intransigeante, font de « Homework » un classique instantané, s’écoulant à plus de 2,5 millions d’exemplaires à l’époque, dont 500 000 en France.

    « « Homework », c’était pour dire aux mecs du rock que la techno, c’était bien aussi. » (Thomas Bangalter)

    Mégamix. Si les ventes de « Homework » sont une surprise pour le label (dont les prévisions n’allaient pas au-delà de 80 000) et pour une partie de la presse spécialisée, son succès n’a rien d’un hasard quand on connaît le bagage culturel de ces têtes pensantes, toujours prêtes à rendre hommage à leurs influences – ce qu’ils continuaient d’ailleurs à faire en 2013 avec « Random Access Memories ». Sur « Homework », c’est certes moins flagrant, d’autant qu’un seul sample est mentionné à l’intérieur du livret (celui de Hot Shot de Karen Young sur Indo Silver Club), mais Teachers suffit presque à lui seul à valider l’argument. Sur ce titre, les Daft multiplient les clins d’œil à ceux qui les ont inspirés, tandis qu’une voix vocodée cite les grands noms de la house (DJ Funk, Kenny Dope), de la techno (Jeff Mills, Robert Hood), du funk (George Clinton) et du hip-hop (Dr. Dre).

    Génies du visuel, après tout. Entre les clips réalisés par quelques grands noms (Around The World par Michel Gondry, Da Funk par Spike Jonze) et la promotion de l’album assurée le visage masqué, il y a fort à dire sur l’identité visuelle du duo. Mais c’est la pochette, cette photo du logo conçue par Guy-Man et cousue sur un morceau de satin noir, qui interpelle davantage. Exit les codes propres à la techno ou à l’ambient, bonjour l’imagerie rock ! « « Homework », détaille Bangalter, toujours aux Inrocks, c’était pour dire aux mecs du rock que la techno, c’était bien aussi. » Pari réussi !

    20 ans de la French Touch, aussi. Musicalement, « Homework » est un disque qui procure d’abord cette sensation étrange et rare, dès la première écoute : l’étonnement. Celui d’un duo très habile techniquement, au point de parvenir à donner un son ample et puissant à un disque pourtant enregistré dans une maison à Montmartre. Celui, surtout, d’une musique rugueuse, sans fioritures, qui, en plus d’avoir complètement révolutionné notre approche du dancefloor, a popularisé le terme « French Touch ». Dégainé pour la première fois en 1996 par un journaliste du Melody Maker, le terme a aussi incité les groupes à débrancher leurs guitares et aura infusé sa sève exploratrice un peu partout, d’Air à LCD Soundsystem, en passant par Kanye West, Justice ou encore Fatboy Slim qui, en 2006, implorait le retour du duo casqué : « Nous sommes dépassés, il est temps que Daft Punk revienne. »

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