2017 M02 9
Là où les Américains ont les divertissants Grammy Awards et les Anglais l’exigeant Mercury Prize, la France dispose chaque année des très contestées Victoires de la Musique. Contestées, parce que les groupes des grosses écuries côtoient les artistes qui, en toute honnêteté, n’ont aucune chance de gagner. Mais aussi parce que la sélection suscite souvent l’incompréhension. Surtout lorsqu’il s’agit des catégories dites « musiques de jeunes » : les musiques électroniques ou le hip-hop.
Rap à la trappe. Au sujet de ce dernier, le nom de la catégorie a tellement changé depuis 1997 qu’il paraît évident que le genre a toujours été abordé avec difficulté : « Album rap ou groove de l’année », « Album rap, reggae ou groove de l’année », « Album rap, hip-hop, R’n’B de l’année » ou encore, depuis 2007, le terrible « Album de musiques urbaines ». Le pire étant que cela semble tout aussi incohérent du point de vue des sélections : Manau et Nâdiya ont remporté une statuette, tandis que Fatal Bazooka et Kamini ont pu prétendre un instant être les dignes représentants du hip-hop français. Cette année, et alors qu’il est le poids lourd incontesté, PNL a préféré décliner l’invitation, laissant ainsi leur chance à Georgio, Jul et Kool Shen.
Même constat pour les musiques électroniques. Ce n’est pas que les albums des Négresses Vertes, Émilie Simon, Bumcello, Stromae ou Cascadeur soient mauvais, c’est juste qu’ils n’ont rien à faire dans cette catégorie. Mais plutôt qu’ils semblent trop conventionnels, pas assez en phase avec les tendances et l’évolution du genre ; ce qui est encore le cas cette année avec les nominations de Kungs et de Jean-Michel Jarre, sans doute pour services rendus à la patrie…
Bref, les années passent, les clichés restent et la situation ne s’améliore pas vraiment. Enfin, si : Nagui ne présente plus l’émission et n’a donc plus la possibilité de demander aux rappeurs de ne pas voler les micros en partant. C’est toujours une idée reçue en moins. Rendez-vous ce week-end pour les prochaines Victoires et comme dirait Nekfeu, lauréat 2016 pour l’album de musique urbaine de l’année, on verra.