Erol Alkan : « Tant que les gens auront besoin de se réunir ensemble pour faire la fête, Londres sera essentielle. »

  • Comment vont les nuits londoniennes depuis le Brexit ? Alors que son « The Soft Bounce » vient de paraître, on a été poser la question au multi-casquettes Erol Alkan, à la fois DJ, patron du label Phantasy Sound et membre du projet Beyond The Wizards Sleeve.

    Comme dans toutes les grandes villes, les clubs de Londres semblent victimes de la gentrification…

    Ça ne concerne pas que les clubs, mais de nombreux petits commerces, indépendants ou non d’ailleurs. Disons que tout est en train de changer. Ces dernières années, d’excellents clubs ont fermé leurs portes, Londres n’est plus au sommet de la hype mais, en contrepartie, il reste encore quelques lieux de grande qualité où aller mixer. Je pense aussi que le nouveau maire [Sadiq Khan, NDLR] peut aider à faire fructifier toute une scène underground. C’est primordial pour Londres. C’est ce qui a toujours permis à cette ville d’être à l’avant-garde des différents courants musicaux.

    Le fait que Londres soit maintenant devancée par d’autres villes sur le plan des musiques électroniques, c’est quelque chose que tu regrettes ?

    Je vis ici, donc c’est assez dur de le concevoir, mais c’est le principe même des musiques électroniques : les tendances changent et chaque ville a le droit à son moment de gloire. Mais ça ne veut pas dire que Londres ne peut pas retrouver toute sa splendeur. Tant que les gens auront besoin de se réunir ensemble pour faire la fête, cette ville sera essentielle. Et des clubs comme le Loft, un petit endroit très underground où l’on a l’impression de faire partie d’une communauté privilégiée lorsqu’on y entre, ou le Drop, le club d’Andrew Weatherall, prouvent bien que Londres a encore un rôle à jouer.

    De ton côté, tu penses avoir un impact sur la scène londonienne, que ce soit avec le Trash Club, fermé en 2007, ou avec ton label, Phantasy Sound ?

    C’est difficile de mesurer l’impact d’un projet lorsqu’on est plongé dedans, même avec les réseaux sociaux, mais je suis heureux de réunir différents amateurs de musiques électroniques avec mon label. Ce n’est pas comme si on avait réussi à sortir un gros projet et que le reste avait moins d’intérêt. Que ce soit Daniel Avery, Connan Mockasin ou Ghost Culture, les trois ont su trouver un public bien attitré. Et cette faculté à proposer quelque chose de différent à chaque sortie, c’est la meilleure façon de marquer les gens et qu’ils identifient le label.

    Un dernier mot sur « The Soft Bounce », enregistré aux côtés de Richard Norris ?

    Certains y voient quelque chose de très psychédélique, d’autres quelque chose de très britpop. Selon moi, l’idée était juste d’apporter une nouvelle couleur aux musiques que nous aimons avec Richard depuis toujours. C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a tant d’ambiances différentes au sein de Beyond The Wizards Sleeve, ça renforce cette idée de voyage que le critique Jon Savage nous a fait l’honneur de parfaitement décrire dans le communiqué de presse.

    https://soundcloud.com/beyond-the-wizards-sleeve

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