2023 M06 2
On le sait depuis longtemps : les tendances musicales sont autant de vagues qui vont et viennent, entre hype et retour de hype. On ne s'étonne donc plus, en 2023, que des modes anciennes (le grunge, le rap 90's, la synth-pop) reviennent transformées dans la bouche de la nouvelle génération.
Un genre qu'on n'avait pas vu venir, c'est la jungle. Un style de musique né dans les souterrains londoniens vers 1993, et où les tempos donnent l'impression de faire un arrêt cardiaque en totale hybridation. Les têtes de gondole de l'époque (Goldie, A Guy Called Gerald, Roni Size) inspireront une partie des sons de la fin des années 90, au point que même Bowie, toujours malin, en tirera un album ("Earthling"). Il ne sera d'ailleurs par le seul, puisqu'on retrouve également l'influence de la jungle sur le Au commencement d'Etienne Daho, en 1996.
Trente ans plus tard, et alors que la vague dubstep semble enfin éteinte, c'est une Anglaise originaire de Leeds qui remet le couvert. Son nom : Nia Archives. Sa particularité : inonder les réseaux de single jungle depuis 3 ans; un paradoxe quand on sait qu'elle a fait ses débuts en plein confinement, mais qui s'explique certainement par le besoin de sons taillés pour la rave illégale alors même que la planète entière était dans l'incapacité de bouger.
Trois ans après, où en est-on ? Nia Archives, qui n'a toujours pas sorti d'album, s'est taillée une solide réputation au point d'être invitée sur tous les festivals qui comptent, de Coachella à We Love Green. La rave, elle est tombée dedans dès l'âge de 16 ans, à Manchester. Et ces inspirations parfois chaotiques mais toujours dansantes ne l'ont depuis plus quittées. A l'écouter chanter sur ses prod' typiques de l'Angleterre des mid 90's, on croirait parfois entendre Jorja Smith en featuring avec Ascendant Vierge (autre projet français revisitant les années 90 à sa façon), le tout marié au gospel, à l'électronique et au dub période Massive Attack des débuts. Une bonne grosse carte postale de l'époque où Londres était encore le centre du monde, pour résumer.
Elue meilleure productrice de 2022 par le NME, Nia Archives semble donc avoir l'avenir devant elle. Et suffisamment de talent dans les mains et la gorge pour s'imposer, comme Aluna, sur tous les dancefloors. Avec 2 EPs sous le coude ("Sunrise Bang Ur Head Against Tha Wall" et "Forbidden Feelingz"), l'Anglaise pourrait même devenir l'emblème de cette Angleterre qui refuse l'isolement dans lequel le gouvernement Boris Johnson a plongé le pays. Le son des années post Brexit ? On n'est pas loin de le penser.
Nia Archives jouera le dimanche 4 juin au festival We Love Green. Plus d'infos par ici.