Qui es-tu Biig Piig, toi la jeune Irlandaise validée par Metronomy ?

Biig Piig est l’alias choisi par Jess Smyth. Irlandaise de naissance, elle débarque à Londres lorsqu’elle est adolescente. Depuis la capitale anglaise, elle multiplie les projets avec toujours une qualité certaine. Et ce n’est pas sa toute fraîche mixtape « Bubblegum » qui dérogera à cette règle.
  • Pour vérifier que Biig Piig est une hyperactive, rien de plus simple. Il suffit d’aller jeter un œil à son site officiel, sur lequel sont scrupuleusement rangés tous ses projets. Dates de concert, clips et visuels, merchandising et accessoires, singles, mixtapes et clips... depuis 2017, Jess Smyth (dans le civil) ajourne les pages de cette espèce de journal de bord, qui ne cesse de s’épaissir. En même temps, lorsqu’on évolue dans les rangs du prolifique gang NINE8 — peuplé par des artistes comme Lava La Rue, Mac Wetha, Bone Slim, NAYANA IZ, Nige ou encore LorenzoRSV — la pire chose à faire serait de se laisser aller à l’oisiveté.

    Biig Piig est née en Irlande, juste avant que le monde ne bascule dans le nouveau millénaire. À peine le temps de prendre ses marques que la jeune fille s’envole déjà en Espagne, où elle s’installe pour les années suivantes. À 14 ans, Jess Smyth pose finalement ses bagages à Londres, une ville-monde qui lui ressemble. Très tôt, elle se met aux petits boulots. D’abord croupière de poker, puis serveuse, ce n’est qu’après qu’elle se saisit d’un micro. Un outil qu’elle utilise pour chanter ses voyages entre les pays cités et les expériences qu’elle a vécues, mais aussi pour narrer le quotidien d’une jeunesse battant le pavé de la plurielle capitale anglaise.

    Tout prend une autre ampleur lorsque Biig Piig rentre à l’université. Sur les bancs de la fac, la jeune artiste fait la rencontre de toute la clique du NINE8. Introduite dans ce collectif, une confiance inédite vient gonfler ses voiles. En 2017, alors qu’elle est encore ado, elle pose son premier morceau, Crush’n, produit par son compère Mac Wetha. Avec sa nouvelle bande, Jess Smyth développe un style qui lui convient. Sur des beats vaporeux, tirant sur le jazz et le R&B, elle adopte un flow sans accroc, doux, avec déjà quelques envolées chantées, comme sur son morceau phare Vice City — qu’elle interprétera lors d’une délicieuse session Colors.

    Ce style reconnaissable, Biig Piig va le peaufiner et l’améliorer au grès de ses trois EPs suivants. Lors de cette trilogie bricolée de toutes pièces — « Big Fan Of the Sesh, Vol.1 » (2018), « A World Without Snooze, Vol.2 » (2019) et « No Place for Patience, Vol.3 » (2019) —, la jeune artiste pousse sans cesse le curseur des expérimentations. D’un genre, elle bascule à un autre, puis encore un autre. À l’inverse, ce qui ne bouge pas, ce sont les histoires qu’elle raconte. Parfois dans un espagnol maîtrisé à la perfection (Perdida), d’autres dans un anglais plus classique (Roses and Gold), Jess Smyth détaille la culture des gens de son âge, leurs peines et leurs joies.

    De là, Biig Piig entame sa mue musicale. Premier élément de changement, Switch (2020), un single qui s’aventure sur des terres plus électroniques. Exit le rap au profit d’une drum'n'bass débordant sur d’étonnantes guitares. Une fuite vers l’avant qui se raconte avec une vidéo inspirée des codes du pop art, et qui donne la marche à suivre pour ses prochaines sorties. Lorsqu’elle enchaîne avec Feels Right (2020), un autre morceau à cheval entre la pop et la dance, tout semble se préciser pour elle. Ses scores sur les plateformes explosent et les tournées se succèdent. Dans la foulée, elle quitte Londres pour aller s’installer à Los Angeles.

    Malgré le soleil californien, le moral de la chanteuse est... ombragé. Comme elle l’expliquait récemment dans une obscure interview, la confection de son EP au titre de circonstance « The Sky is Bleeding » (2021) représente pour elle une période compliquée. Mais plutôt que de sombrer dans les affres de la dépression, elle expie ses pires sentiments en chansons. Une véritable thérapie qui, en fin de compte, aura deux aspects positifs. D’abord, celui de montrer à son public que leurs problèmes ne sont pas une fin en soi. Puis, de façon plus personnelle, d’entamer une transition dans sa musique et son être. En somme, de tirer un trait sur son adolescence pour devenir une jeune adulte et d’enfin s’accepter en tant que chanteuse.

    Après la pluie vient le beau temps ; une affirmation paradoxale pour son retour à Londres. Toujours est-il que Biig Piig semble avoir triomphé de ses démons, et surtout changé de dimension. C’est ce que confirme sa présence sur « Posse EP Volume 1 » (2021), un disque piloté par le Metronomy de Joseph Mount qui célèbre le futur de la musique britannique. Une bonne nouvelle doublée d’une deuxième, puisque sans trop savoir pourquoi, sa chanson Don’t Turn Around se retrouve sur la tracklist du jeu vidéo FIFA 21, un titre réputé pour la qualité de ses playlists. Une association renouvelée pour FIFA 23, où son morceau FUN (2022) a été retenu.

    Arrivé là, qu’est-ce que Biig Piig pouvait espérer de plus pour la sortie de sa toute dernière mixtape « Bubblegum » ? Un accueil chaleureux du single de présentation This Is What They Meant ? Faire la couverture d’un magazine ? Une nomination au prestigieux prix BBC Sound of 2023 précédemment remporté par Sam Smith ou Adele ? Une tournée internationale avec d’emblée des dates complètes ? En réalité, toutes ces cases sont déjà cochées… Après tout, il n’y a strictement rien d’étonnant à ça. Puisqu’à l’écoute de ce disque, on comprend bien que Jess Smyth a finalement digéré toutes ses influences pour enfin proposer une musique et un univers qui lui ressemblent, vraiment. Et dire qu’elle n’a pas encore sorti de premier « vrai » album...

    Crédit photo en une : détail pochette « Bubblegum »

    Biig Piig sera en concert à la Maroquinerie (Paris) le 10/03. Toutes les autres dates sont sur son site officiel.