Donald Trump a relancé le punk à Washington

  • Gare à toi Donald, à quelques encablures de la Maison Blanche, la scène punk activiste grossit et se déchaîne. Une nouvelle génération prête à donner un électrochoc à un genre replié sur lui-même.

    Washington’s calling. Dans les années 1980, Washington D.C. devenait la capitale du punk, volant ainsi la couronne à Londres. Sous le règne de Reagan, la scène hardcore explosa. Les grands noms ? Minor Threat, Fugazi, Bad Brains… Ultralibéral et réac’, le cowboy de carton-pâte fut une muse de choix. Trente ans plus tard, Ronald a laissé la place à Donald et l’histoire semble se répéter.

    Pizzagate. Les leaders de la nouvelle génération, ce sont les Priests. Le groupe a été aux premières loges des effets de la désinformation propagée par l’alt-right. Daniele, le batteur, et Taylor, le bassiste, bossaient au Comet Ping Pong pour joindre les deux bouts. Le resto était, d’après les théories du complot, au cœur du « Pizzagate » (une série de rumeurs absurdes affirmant qu’un réseau pédophile lié aux démocrates y séquestrait des enfants au sous-sol). Eux prennent l’habitude de raccrocher au nez des menaces des fanatiques mais en 2016, un matin de décembre, ils découvrent des barricades de police : un tireur a canardé le Comet, sans blesser personne heureusement. Le coupable, Edgar Welch, a avoué que son raid avait pour but de libérer les enfants prisonniers.

    Depuis, Daniele et Taylor sont en guerre contre l’Amérique de Trump. Leur leitmotiv : faire la nique aux nationalistes, aux puritains et dénoncer le complexe militaro-industriel. Non seulement dans les paroles de leur premier album « Nothing Feels Natural », mais aussi dans les actes. Comme jouer dans des concerts antifascistes ou de soutien au droit à l’avortement. Ils refusent tout sponsoring. « L’activisme ne doit pas devenir du marketing », explique Katie Alice Greer, la chanteuse, au Guardian. Un état d’esprit qui a réveillé les musiciens DIY de la ville, en partie réunis autour de leur label, Polygon Sisters.

    God save the queer. Ce qui fait l’originalité de cette génération, c’est qu’elle veut décloisonner le punk. Qu’il ne devienne pas un truc de vieux mecs blancs tatoués. De nombreuses formations se revendiquent féministes, comme Governess, Sneaks ou Shady Hawkins, quatuor basé à Brooklyn hébergé par Polygon Sisters qui définit sa musique comme du « militant feminist revengecore ». D’autres sont décidés à dynamiter les normes de genre, conjuguant moshpits et culture queer. Notamment les truculents Homo Superior qui marient poils, bas résille et gros riffs. Un vent de fraîcheur dans un style qui commençait à sentir le renfermé vintage. Le potentiel révolutionnaire du punk est de retour. Yes Future !

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