2017 M09 7
Le ghostwriting est monnaie courante. Des compositeurs cachés (des ghostwriters en anglais), dans la musique, il y en a un paquet. Et tout le monde n’avance pas à visage découvert comme Kanye West (qui crédite les 2000 petites mains qui lui font ses morceaux). En 1996, quand le premier album du Doc s’apprête à sortir, le ghostwriting n’est pas démocratisé comme aujourd’hui. Si bien que la première obscure théorie que nous relayons ici est celle de ce blogueur zélé qui avance tout de go que les seuls auteurs du disque sont : Passi et Stomy Bugsy, (quasiment) pas crédités sur le disque. Si cette « erreur de signature » était avérée, on comprend pourquoi les compères du Doc ont senti la pilule amère après le succès du disque. En 1999, Libération relaie le racket qu’aurait subi le Doc par d’anciens camarades de rap. Rien ne certifie pour autant un lien entre ces actes de violence et le prétendu travail de ghostwriting de Passi et Stomy.
Il y a aussi de « vrais » fantômes dans cette histoire. On connaît l’histoire, des premières maquettes enregistrées dans le Paris crasseux du 18ème arrondissement aux enregistrements à un million de francs à Los Angeles. On parle moins souvent du premier producteur du disque, Mariano Beuve, et découvreur du Ministère A.M.E.R. qui disparut dans l’anonymat en 2009. Rien non plus sur le producteur américain qui fit le disque, Ken Kessie, décédé lui aussi en 2012. Ils emportent avec eux leur secret de studio. Reste encore quelques mystères au générique. Notamment un inconnu : Alexis Ouzani (dont on n’a pas retrouvé la trace), qui apparaît comme producteur sur les morceaux Nirvana, Passement de Jambes et Vanessa. Ouzani est aussi marqué comme parolier pour ces deux derniers morceaux. Quant à Thierry Planelle, le manager de l’époque, nous n’avons pas non plus réussi à nous entretenir avec lui. Silence partout, vérité nulle part.
Un talent parti en fumée ? Minute papillon. On parle pourtant du meilleur album de rap français et rien ne vous alarme ? Si Bruno Beausir a choisi le pseudo de Doc Gynéco (demi-pléonasme), a chanté avec Bernard Tapie (pléonasme total) et a enregistré des tubes de seconde zone à ne savoir qu’en faire (dont Caramel ou L’homme qui ne valait pas dix centimes pour ne citer que les moins pires), comment aurait-il pu accoucher d’un truc aussi gracieux que « comme Beregovoy, aussi vite que Senna, je veux atteindre le nirvana », puis se planter, trois morceaux plus tard, sur la liaison dangereuse : « mes yeux brillent, devant zune photo de Vanessa » ? Bruno, tu es fascinant. Nous te dédions cette première conspiration.