2017 M08 29
Souriez, vous êtes filmés. Commençons par un petit rappel des faits. L’intrigue qui suit débute et finit dans un ascenseur après le gala du MET. Une star de la pop américaine — Jay Z — se fait tabasser pendant trois longues minutes par Solange, sous le regard de sa sœur impuissante (ou complice, plutôt). La scène, ahurissante, est alors captée par une caméra de télésurveillance puis récupérée par TMZ qui la diffuse, sans le son ; ce qui permettra aux complotistes du monde entier d’imaginer à peu près tout et n’importe quoi sur les raisons de cette engueulade monumentale. Résumons : de la célébrité, une paire de claques, un secret… Tout est réuni pour l’un des meilleurs huis clos de la pop culture.
Histoire de famille. À cette époque, et ce n’est un secret pour personne, le couple Jay Z – Beyoncé ne va pas très fort. Au centre de la crise du couple, la supposée infidélité du rappeur avec une (ou plusieurs) des suspectes suivantes : Rita Ora, Rihanna (signée sur son propre label) ou encore une dénommée Rachel Roy, designeuse. Une histoire conjugale comme une autre, mais on est chez les Carter-Knowles, donc tout prend rapidement des proportions… disproportionnées. Sauf qu’aucun des deux époux, pas plus que la belle-sœur de Jay Z, Solange, ne souhaite s’exprimer sur cette baston. Leur meilleure réponse ? La musique.
Musique d’ascenseur. La première à prendre la parole, logiquement, sera Beyoncé. Son sixième album, « Lemonade », paru en avril 2016, est bourré de références à ladite tromperie. Sur le titre Hold Up (« Quelque chose clochait parce que ce n’était pas juste, et surtout après minuit« ), sur Sorry (« Je regarde ma montre, il devrait être rentré à la maison / Aujourd’hui je regrette le jour où j’ai enfilé ma bague« ) ou encore sur Don’t hurt yourself (« Putain mais pour qui tu te prends ? T’es pas marié à une putain quelconque, mec »). À chaque fois, une mise à nu courageuse qui fait le jour sur une histoire à priori privée. Dans la foulée, soit six mois plus tard, c’est au tour de sa sœur Solange d’exploser au niveau mondial avec le merveilleux « A Seat at the table », un album moins intimiste dans les paroles, mais qui permet à la « sœur de » de devenir enfin une artiste à part entière. Et plus seulement la fille hystérique qui tape avec son sac à main dans un ascenseur.
L’affaire « 4:44 ». Et puis, il y a Jay Z, dont le récent album « 4:44 » lève enfin le voile quasi complet sur le mystère de mai 2014. Il s’y confie comme jamais, à la fois sur la crise conjugale qu’il a traversée avec Beyoncé, mais aussi sur l’épisode de l’ascenseur, notamment dans la chanson Kill Jay-Z, où il fait directement référence à l’altercation : « Tu as poussé Solange à bout, tout en sachant que ce que tu avais à dire n’allait pas« , chante-t-il. Un acte de rédemption accompagné d’excuses directes à sa femme, doublé d’une évocation très claire à l’infidélité avec l’affaire Halle Berry – Eric Benet, eux-mêmes passés par une crise du même genre en 2005 (« T’as presque fait ton Eric Benet et laissé filer la fille la plus incroyable au monde« ).
Quant au nom de l’album, dont Jay-Z explique qu’il correspond à l’heure à laquelle il se réveilla pour s’excuser de ses fautes auprès de Beyoncé, des petits malins ont récemment découvert qu’il pourrait en fait correspondre… à l’adresse de l’hôtel où eut lieu l’incident de l’ascenseur, situé au 44 West 13th St, à New York. Coïncidence ? C’est de moins en moins sûr.
I'm at The Standard where Solange beat Jay-Z's ass in the elevator. THE ADDRESS IS 444. I AM SHOOK pic.twitter.com/ZKtAVxMQiS
— Stephen (@StephenOssola) July 26, 2017
Confessions intimes. Dans une récente interview accordée à Rap Radar, le mari trompeur s’est ouvert pour la première fois sur l’incident de 2014. On y apprend notamment que les relations ont toujours été au beau fixe avec Solange – sauf cette fameuse nuit – et que « plus qu’une belle sœur, c’est surtout sa sœur de cœur ». Quant à savoir ce qui s’est précisément dit dans l’ascenseur, le mystère reste entier. Ce qu’on sait en revanche, c’est que la genèse de trois albums fondateurs de la musique américaine des années 2010 ont été accouchés ce soir-là. Et, franchement, c’est mille fois plus intéressant qu’une photo de Beyoncé avec ses jumeaux, non ?