Derrière Jay Z et Dr. Dre, Swizz Beatz est l’autre businessman du rap américain

  • À la fin des 90’s, Swizz Beatz redéfinit les priorités musicales du hip-hop. Aujourd’hui, l’Américain a presque autant de hits à son crédit que Pharrell, mais impressionne par sa faculté à s'investir dans l'art et le rap-entrepreneuriat. Accessoirement, c'est aussi le mari d'Alicia Keys.

    Le meilleur rappeur-producteur de tous les temps. 

    À 38 ans, la vie de Kasseem Dean (aka Swizz Beatz) ressemble de plus en plus aux pages d’un bouquin du type Comment réussir dans l’industrie musicale. Sa dégaine s’étale en une des magazines spécialisés, sa relation avec Alicia Keys fait le bonheur des tabloïds, sa galerie fait fantasmer le monde de l’art et ses productions, depuis le milieu des années 1990, ne cessent de voir leur prix s’envoler. Avant de devenir un businessman de la trempe de Jay Z ou de Dr. Dre, celui que l’on connaît sous l’alias Swizz Beatz est avant tout un artisan du son, un artiste que Kanye West en personne considère comme « le meilleur rappeur-producteur de tous les temps« .

    Les sentiers de la gloire.

    Il existe en effet un son Swizz Beatz, reconnaissable entre mille, dès les premières mesures : un beat minimal, rugueux, largement expérimenté au sein de l’écurie Ruff Ryders (fondé par deux de ses oncles, Darrin Dean et Joaquin Dean) et plus particulièrement auprès d’artistes tels que DMX, Busta Rhymes ou Eve. En toute modestie, le New-Yorkais pourrait ainsi affirmer, du haut de sa montagne de classiques (Ruff Ryders Anthem de DMX, On To The Next One de Jay Z, Get Me Bodied de Beyoncé ou encore Bring ‘Em Out de T.I.), avoir en partie changé le son du hip-hop américain avec des sonorités à des kilomètres des niaiseries sirupeuses de la FM.

    Billionaire boys club.

    Mais Dean n’est ni Timbaland, ni Pharrell. Lui ne souhaite pas prendre le train des tendances au moment où elles basculent de l’underground au mainstream. Lui n’a pas spécialement envie de collaborer avec toute une tripotée de popstars, exception faite de Chris Martin, présent sur son deuxième album solo (« One Man Band Man », 2007). Dean fait simplement partie de ces producteurs qui ont toujours suivi une idée fixe : permettre à des durs à cuire d’accéder au sommet des charts avec des instrus’ qui, même lorsqu’elles s’approprient les canons de la pop-music, vont toujours bien au-delà de l’immédiateté d’un tube.

    « Les artistes de rap vont dépenser 200 000 dollars dans une chaîne en or qui n’aura plus de valeur une fois qu’il s auront fini leur album.« 

    Swizzy business. 

    Intransigeant, celui que Forbes considérait comme la seizième fortune du hip-hop en 2012, a toujours rêvé d’autres horizons : la mode (ici, une collaboration avec Reebook), entrepreneuriat (là, un investissement dans la société Kidrobot), l’enseignement le temps d’une année à l’Université de New York et, surtout, l’art contemporain. « Les artistes de rap vont dépenser 200 000 dollars dans une chaîne en or qui n’aura plus de valeur une fois qu’ils auront fini leur album, balançait-il en septembre 2012 au New York Times. L’art, en revanche, c’est un investissement sur plusieurs générations. »

    Le Parrain du rap game.

    Il y a bien quelques ratés ça et là – la méconnaissance de son label, Full Surface Records, au sein de l’opinion publique, la production exécrable d’un album posthume de 2Pac (« Pac’s Life ») en 2006 – mais Swizz Beatz fait bel et bien partie de ces artistes qui règnent en despote sur le hip-hop, un de ces producteurs qui n’a jamais vu arriver le rouleau compresseur de la modernité avec inquiétude. Un de ces mecs, surtout, capable de collaborer avec la pire des crapules en studio avant d’aller célébrer son mariage en Corse aux côtés de Bono et de Christian Louboutin. Où comment jongler entre bling-bling et street cred’ avec une facilité déconcertante.

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