Une interview de Carpenter Brut qui débute par : « Je ne veux pas faire l’enc*** mais… »

  • Il y a, quelque part entre les années 1980 et l’ultra-violence de Justice, un homme qui transforme, EP après EP, la synthwave en un champ de bataille. Il agit masqué. Son nom est Carpenter Brut. Et il remplira bientôt un Olympia.

    Alors, que penses-tu des nouveaux titres de Justice ?

    Écoute, je veux pas faire l’enculé mais je ne suis pas super emballé pour le moment. Excellente prod’, mais musicalement je trouve ça un peu trop doux et easy pour Justice. Je n’ai pas encore écouté l’album mais le choix du disco sur les premiers titres ne me paraît pas anodin, c’est une musique qui revient dans les clubs après tout.

    En tant qu’autodidacte qui vient du metal, comment t’es-tu mis à la musique électronique ?

    Ça a commencé quand j’en ai eu marre du metal en fait. L’électro était cool et pratique dans le sens où je n’avais besoin que d’un ordinateur, de synthés (même virtuels)… J’ai écouté des groupes pour me familiariser aux codes, trouver un son, j’ai regardé des tutoriels sur YouTube et puis j’étais déjà fan de Justice donc l’idée c’était de les copier au maximum, ha ha.

    En lisant tes interviews, on a l’impression que le monde des maisons de disques t’es très familier.

    Non, Carpenter Brut étant mon premier projet, je n’ai pas connu les maisons de disques. Mais ma première ambition était de ne pas me faire bouffer par ce système – ce qui me paraît encore plus compliqué que d’écrire un bon morceau…

    Alors comment tu as fait ?

    J’ai monté mon propre label (No Quarter Prod) et j’ai, par acquis de conscience et par curiosité, envoyé mon premier EP à quelques maisons qui n’en ont eu rien à foutre. Ô étonnement ! Ô surprise ! Et puis finalement, un label indé allemand a sorti cet EP en tirage limité et a fait un clip pour Le Perv. Ça a commencé comme ça.

    Dans la dernière saison de South Park, les adultes sont accrocs aux « Member Berries », des fruits qui ont « le goût du passé ». C’est mérité qu’on te parle toujours de ta musique en la référençant aux années 1980 ?

    C’est le but premier : rendre hommage à la culture 80’s, ma culture, celle avec laquelle j’ai grandi. Mais c’est un hommage semi-déguisé puisque je ne m’attarde pas sur tous les clichés. Les pochettes ne sont pas complètement 80’s, les sonorités ne sont pas toutes 80’s. J’essaie de faire un lien avec l’époque actuelle.

    Du coup, tu es partagé entre les scènes rock et les scènes club. Est-ce qu’il y a une frontière entre ces deux mondes ?

    Tu ne retrouveras pas les mêmes drogues pour commencer. Ce sont deux publics différents, qui ne se détestent pas mais qui sont très opposés. Je pense être plus apprécié dans la scène metal malgré tout. Trop vieux pour être branché.

    Si tu n’écoutes pas vraiment de musique électronique, comment est-ce que ta musique nait dans ton esprit ?

    Dans la douleur. La page blanche. C’est le pire. Taper quatre ou cinq notes et voir assez rapidement si y’a du potentiel pour un bon morceau. J’essaie d’avoir une petite histoire en tête pour baliser et ne pas m’éparpiller.

    Qu’est-ce qu’il faut écouter avant et après un EP ou l’album de Carpenter Brut ?

    La Femme ou Christine and The Queens. Un truc pour fragiles de la presse généraliste.

    Carpenter Brut, le célèbre disc-jockey, sera en gala avec son orchestre le 24 mars à l’Olympia, comme en témoigne ce flyer top qualité. Ses trois premiers EP sont disponibles sous la forme de l’album Trilogy. Il sortira un live début 2017 et un nouvel LP en 2018.

    carpenter brut

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