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Quand Camden Town régnait sur le rock
2016 M12 19
La sortie du nouvel album de Pete Doherty, "Hamburg Demonstrations", est l’occasion de se rappeler ce que représentait le quartier de Camden à Londres au début des années 2000 : un repère cradingue pour guitares débraillées.
Si la grande majorité des artistes proposent aujourd’hui des sons riches d’influences décomplexées et de références à rendre chèvre n’importe quel disquaire, il vaut la peine de se rappeler qu’au début des années 2000, les chapelles musicales étaient encore à la mode. À Camden, par exemple, on faisait du rock. Point barre. Et ça convenait très bien à ce quartier londonien qui, en l’espace de quatre ans, entre 2001 et 2005, a développé un rapport particulier au son électrifié.
« On était le rock indé : Gazelles, The Rakes, Babyshambles…. Les groupes de Camden revenaient en force. » Ça, c’est Spiky Phil Meynell, l’un des directeurs du Trash, qui le dit. À raison : fondé aux côtés d’Erol Alkan, ce club sert alors de point de ralliement à une nouvelle génération de rockeurs furieux, mal fagotés, prêts à faire siffler les oreilles : Art Brut, The Rakes, The Libertines, voire The Kills ou Bloc Party, régulièrement de passage dans le quartier, tous sortent alors les plus beaux disques d’indie-rock du début des années 2000.
Les riffs sont précis, les guitares imparables et c’est vrai qu’il y a dans leur façon de piller le rock des 60’s une sauvagerie désinhibante, une nervosité et un sens des mélodies incisif qui permet à Camden d’incarner la grandeur d’une nation. « Ils nous ont rendus fiers d’être britanniques« , s’enthousiasmera d’ailleurs Amy Winehouse au sujet des Libertines. C’est direct, sincère et ça prouve à quel point tous ces groupes n’ont pas fait que composer de petits hymnes de lendemain de cuite : de leur voix patraque et de leur look de losers assumés, ils ont surtout prouvé que leur quartier n’était pas taillé de la même étoffe que les autres.