Dites merci à Miss Tiny pour l’album surprise de cet été

Dan Carey, l’homme derrière le label Speedy Wunderground et le succès de nombreux groupes du moment (Wet Leg, Fontaines D.C., Squid, etc.), s'associe aujourd'hui au musicien Benjamin Romans-Hopcraft (Childhood, Warmduscher). Ça donne Miss Tiny, un groupe dont le premier EP, intitulé « DEN7 », est évidemment à écouter de toute urgence.
  • En 2013, après avoir bossé, en tant que guitariste, ingénieur du son et producteur (pour un tas de musiciens, comme Franz Ferdinand ou Lily Allen), Dan Carey, 43 ans, a lancé son label de musique. Il s’appelle Speedy Wunderground, et l’idée est simple : offrir une plateforme aux nouveaux groupes. Il ne savait (sûrement) pas qu’il allait réussir, dix ans plus tard, à définir une partie du rock UK du moment. Car, sans Dan Carey, il n’y aurait (sûrement) pas de Squid, de Black Country, New Road, de Fontaines D.C. ou encore de Wet Leg. Les artistes qui enregistrent à ses côtés doivent se plier à ses règles, inscrits ici sous forme de 10 commandements.

    Une décennie plus tard, force est pourtant de constater que le bonhomme a une vision, du talent, et de quoi donner un nom à des jeunes kids qui veulent essayer de faire carrière dans la musique - en dix ans il a reçu quatre nominations au fameux Mercury Prize britannique. Quand il n’est pas derrière sa table de mixage, Dan joue dans des groupes ou pour des artistes, du style Kae Tempest. Mais son dernier projet est Miss Tiny , un duo formé aux côtés du multi-instrumentiste Benjamin Romans-Hopcraft, connu pour avoir évolué au sein de diverses formations, de Childhood à Insecure Men, en passant par les géniaux Warmduscher. Maintenant que les présentations sont faites, venons-en à la musique. 

    Miss Tiny - qui s’appelait au départ What It’s Like To Be A Bat, en référence à un article philosophique de Thomas Nagel - vient de sortir son premier EP, intitulé « DEN7 ». Un disque de cinq morceaux qui surfe sur plusieurs vagues stylistiques sans vraiment obtenir une étiquette précise. C’est du post-punk qui s’énerve avec Elliott Smith sur River Hands, du Beck sous acide avec Sailing, du rock angulaire et cassant à la Ought sur The Beggar, une petite dinguerie expérimentale sur The Sound, ainsi que du classic rock à la papa - qui s’autorise même une guitare à la Neil Young période « Tonight’s The Night » - sur Grit.

    Cet EP garde tout de même une cohérence, dans la mesure où le duo a assez de bouteille pour rééquilibrer les niveaux, créer un son brut et maintenir l’excitation au maximum. Ce tour de passe-passe se joue au moment de l’enregistrement : une chanson doit être terminée dans la journée ; il n’y a pas d’overdubs ; les imperfections sont gardées et si ça ne vous plaît pas, vous n’avez pas qu’à aller voir ailleurs. Intraitable avec ses artistes, Dan Carey applique les mêmes règles quand il s’agit de sa propre musique. 

    D’après le duo, ce EP n’est que le début. Un premier album est dans les petits papiers pour l’année 2024. S’il garde la même méthode, à savoir jammer sans trop se prendre au sérieux et se faire confiance dans la production, Miss Tiny tient ici quelque chose de beau ; une vraie alchimie. Car cette méthode, casse-gueule, a pour avantage de faire sortir des guitares un tas d’émotions brutes, allant de la colère à la frustration, en passant par l’euphorie. Des émotions qui, in fine, font la différence entre un disque moyen et un album à prendre au sérieux. Ceux qu'on a envie de garder au chaud dans sa collection. 

    Crédit photo : @Holly Whitaker / pour commander le disque, c'est ici.