Qui es-tu Squid, toi le groupe qui affole le rock anglais ?

Le groupe de Brighton, qui vient de signer sur le label anglais Warp, fusionne le jazz avec le rock allemand des années 1970 pour offrir les chansons les plus rafraîchissantes et entêtantes du moment.

Les années où les baby-rockeurs dominaient la scène sont loin. En 2020, les jeunes réfléchissent la musique et sont munis, pour le meilleur et pour le pire, de bonnes intentions. Ils sont passionnés et grâce à Internet, qui a aboli toutes les frontières, cette nouvelle scène a accès à la musique du monde entier en un seul clic.

Squid, composé du batteur et chanteur Ollie Judge ainsi que ses compères Louis Borlase, Arthur Leadbetter, Laurie Nankivell et Anton Pearson, ont décidé de suivre ce chemin, et d’éviter les morceaux un peu niais sur l’amour. Ils sont d’énormes fans de jazz, idolâtrent Robert Wyatt ou les Anglais de Beak et explorent toute la diversité du krautrock, le rock allemand (de Neu! à Cluster en passant par La Düsseldorf). De ces influences, Squid a gardé le côté sauvage du jazz, l’aspect rigide et répétitif du rock allemand et les folies créatives de Wyatt. Et ce mélange, qui peut surprendre à première vue, est sacrément sexy.

Les cinq garçons ont fait leurs armes dans des petits clubs où ils reprenaient des standards de jazz, de la soul et de la funk. Comme beaucoup, ils s’entraînent avec des reprises. Fatalement, l’envie de composer pointe le bout de son nez. En 2017, Squid sort un EP intitulé « Lino » de trois morceaux bien taillés, mais encore un peu trop dans les jupes de leur mère.

Les bases sont là : un saxophone, des synthés, des guitares, une voix grave et modulée et, surtout, un style qui a la voie libre pour se développer. Sur cet EP, on entend surtout l’influence du groupe américain DIIV, notamment sur Liquid Light. Mais tout change dès l’année suivante, en 2018. Les Anglais balancent un tube : The Dial. C’est le moment où Squid prend son envol. Leur but : garder un aspect « bizarre » dans leur musique tout en restant accessible, comme ils l'expliquent au magazine NME

Le groupe, aussi bien capable de reprendre une composition de Steve Reich que de s’attaquer à des reprises délicates comme Pigs…(In There) de Robert Wyatt, commence alors à attirer l’attention des médias et du public. Ils enchaînent les concerts, sont comparés à Talking Heads et continuent d’affoler le rock avec des tubes bien ciselés : Houseplants arrive en 2019 et montre la qualité évidente de songwriter d’Ollie. L’année 2019 marque aussi l’arrivée d’un deuxième EP, « Town Centre », qui sort sur l’excellent label londonien Speedy Wunderground, qui a misé sur le groupe quand ils avaient 500 likes sur Facebook. Avec Dan Carey, à la tête du label, ils arrivent à exploiter pleinement leur potentiel. Les chevaux sont lancés au galop et ne vont pas s’arrêter. 

Récemment, c’est sur le label de Sheffield Warp (Aphex Twin, Flying Lotus ou encore Boards of Canada) que Squid a signé pour, probablement, la sortie d’un premier album. En guise d’hors-d'œuvres, ils ont sorti le morceau Sludge, pour avertir de leur arrivée et déballer toute leur classe. Et les entrées ne sont pas encore sur la table.