2020 M03 14
Si vous ne le saviez pas déjà, sachez que le Yorkshire est un terrain très (très) fertile pour la musique, et surtout le rock : Pulp, Arctic Monkeys, The Cribs, Soft Cell, Kaiser Chiefs ou encore Eagulls sont tous originaires de ce bout de terre qui sent la bière, les pubs, la sauce gravy et la convivialité. C’est de cette région que viennent donc Working Men’s Club, un quatuor prêt à en découvre avec le rock à la papa en utilisant la bonne vieille recette des synthés qui, quand même, bonifie ce style vieillissant (ce ne sont pas les premiers à l’appliquer, on est d’accord). Mais quand tous les groupes actuels, sauf quelques exceptions comme Squid et la Fat White Family, font peu ou prou la même chose (Idles, Shame, YOWL, Hotel Lux), Working Men’s Club tente une approche moins aseptisée et plus ouverte aux expérimentations. On peut parler d’une forme de maturité pour des gamins dont le plus âgé, Sydney Minsky-Sargeant, a 18 ans.
Avec cette idée en tête de ne surtout pas faire revivre la Britpop (lire cet article des Inrocks), les Anglais ont commencé avec deux morceaux : Bad Blood et Suburban Heights, une mise en bouche en quelque sorte, avant Teeth, plus mordant (forcément). Ce morceau, dans le contexte du Brexit, fait mouche, avec un sentiment de désillusion plus accrue que jamais (Everything‘s a myth / don’t know what to believe). Sans se prendre trop la tête pour les paroles, visiblement secondaires, l’important pour Working Men’s Club est de faire une musique qui leur ressemble, fidèle à leurs valeurs du nord. Dans les pas de The Fall, groupe légendaire de Manchester, Working Men’s Club compte aussi montrer qu’ils sont fiers de leurs origines et qu’ils resteront indépendants et maîtres de leur musique. Au site DIY Music, le groupe déclare vouloir apporter de « l’obscurité à la dance music ». Un peu comme le refrain des Wombats « let’s Dance to Joy Division and celebrate the irony ».
Récemment, les Anglais ont sorti deux nouveaux titres : White Rooms And People et A.A.A.A.. L’idée : être le plus bizarre possible. Le premier rappelle les plus beaux moments de la new wave tandis que le deuxième mélange une base rock à des synthés bien délirants et robotiques. Presque une marque de fabrique pour Working Men’s Club qui devrait en 2020 secouer le rock anglais. Et pour les bonnes raisons.