2023 M10 19
Quiconque a déjà tendu une oreille aux textes de Joe Talbot, eu la chance de discuter avec lui ou aperçu le groupe sur scène le sait : il y a tant de singularité, de puissance et d’intelligence chez IDLES que la formation de Bristol ne peut être résumée à un seul élément. Pourtant, force est de constater que le quintet n’a pas son pareil au moment de faire sonner ses instruments et de leur donner une certaine épaisseur. Jusqu’ici, on mettait donc l’accent sur la batterie, dont le rôle essentiel dans des morceaux comme Mr. Motivator ou A Hymn n’a jamais cessé d’être souligné depuis l’arrivée, en 2020, sur « Ultra Mono », de Kenny Beats (Denzel Curry, Vince Staples) à la co-production .
Cette fois, les Britanniques prennent les devants et préfèrent mettre l’accent sur les guitares, sur ces riffs clinquants et bruts qui ont donné naissance à une onomatopée, « TANGK » (prononcez « tank »), que le groupe se réapproprie afin de donner un titre à son cinquième album, à paraître le 16 février prochain.
Une nouvelle fois produit par Kenny Beats et le guitariste Mark Bowen, « TANGK » bénéfice également du savoir-faire de Nigel Godrich, vieux loup des studios anglais, reconnu pour son travail de longue date auprès de Radiohead et Beck.
Ensemble, les trois comparses ont visiblement souhaité amener IDLES sur « de nouveaux terrains », qu’il est possible d’appréhender depuis quelques heures via la publication de Dancer : un premier single au refrain extatique, à la basse bondissante et au propos ouvertement ambigu, ces trois minutes et neuf secondes étant autant une déclaration d’amour à l’être aimé.e qu’aux fans d’IDLES, toujours très investis. « I give myself to you/As long as you move on the floor », chante Joe Talbot, épaulé pour l’occasion par une partie de LCD Soundsystem (James Murphy et Nancy Whang).
De passage à Paris le 7 mars prochain, le temps d’un concert au Zénith, IDLES assume ici son nouveau statut : oui, les Anglais sont devenus un groupe majeur de la scène rock européenne ; oui, ils ont le mérite d’explorer de nouvelles pistes, parfois via d’infimes nuances, à chaque album ; oui, ces 11 nouveaux morceaux, qui interviennent à une période stratégique pour un groupe (cinq albums, 14 ans d’existence), se révèleront déterminants quant à la capacité d'IDLES à aller encore plus haut.
POP POP POP, dit l’une des chansons : c’est autant une onomatopée pouvant illustrer visuellement le son explosif du groupe que le bruit que l’on espère faire à l’écoute de « TANGK ».
Crédits photo : Tom Ham.
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