2021 M01 26
Il y a des groupes qui, très tôt, suscitent l'adhésion, encouragent l'auditeur ou l'auditrice à la fidélité. Dans le petit monde de l'indie-rock, IDLES en est l'incarnation parfaite, témoignant dès ses débuts d'une véritable connexion avec son public. Depuis 2017, soit quelques semaines après la sortie de « Brutalism », Joe Talbot et sa bande ont même droit à leur fan club : l'AF Gang, fondé par Lindsay Melbourne, une photographe qui, après avoir shooté à plusieurs reprises cette petite clique de Bristol, finit par comprendre l'enthousiasme qu’elle génère.
« Pendant la tournée de “Brutalism”, j'ai rencontré un certain nombre de fans. Ces derniers ont commencé à me suivre sur Instagram, on a organisé quelques rencontres jusqu'au moment où, très naturellement, on a décidé de rassembler tout ce beau monde au même endroit. Et c'est ainsi qu'est né AF Gang. »
Dans les années 2000, Lindsay Melbourne était fan d'une autre formation anglaise, elle aussi très fédératrice : The Libertines. Dans l'idée de les suivre en concerts, de faire des rencontres - son futur mari, notamment -, mais aussi d'être présente lors d'évènements privés. Aujourd'hui, c'est auprès d'IDLES qu'elle renoue avec cette volonté de partager le quotidien d'un groupe : « Il y a chez eux quelque chose que je ne vois pas chez les autres groupes. Il n'y a pas de division et nous, les fans, c'est comme si on était tous sur scène à chaque fois qu'ils jouaient. Ils font en sorte que tout le monde ait l'impression de faire partie de quelque chose de plus grand. »
À entendre Brian Mimpress, on sent que l'Anglais, ancien disquaire dans les années 1990, a lui aussi eu une sorte de révélation à l'écoute de la musique d'IDLES : « Honnêtement, je ne pensais pas que j'entendrais à nouveau un groupe qui aurait autant d'importance pour moi que les groupes que j'adorais dans les années 1980 et 1990. Et pourtant : un matin de février 2017, j'ai entendu Mother d'un groupe inconnu pour moi, c'était IDLES, et j'ai tout de suite su que quelque chose de très spécial se passait. »
Au sein d'AF Gang, Lindsay Melbourne, Brian Mimpress et Louise Hughes, la troisième administratrice, disent avoir la chance de côtoyer d'autres passionnés, capables d'avoir la même énergie lors d'un live d'IDLES à Glastonbury que dans une salle de 100 spectateurs. « La foule est la même qu'en 2017, elle est juste un peu plus grande d'année en année », sourit Brian, qui dit prendre énormément de plaisir à gérer ce groupe de fans.
« Même s'il faut admettre qu'une communauté très active et passionnée de 30 000 personnes peut prendre le pas sur notre temps libre. D'ailleurs, quand on se réunit pour un concert d'IDLES, ce n'est jamais juste le temps du show. En général, on se prend la journée entière, pour être ensemble mais aussi pour rencontrer les membres du groupe, que je suis heureux de pouvoir considérer comme des amis. »
Malgré tout, deux questions persistent. La première : qu'est-ce qui différencie l'AF Gang des Beliebers, des KatyCats ou de la Rihanna Navy ? À priori, rien : « Il s'agit simplement de passionnés qui se réunissent entre eux. Ainsi, quand le groupe joue quelque part dans le monde, quelqu'un crée un évènement et ceux qui peuvent s'y rendre y vont. »
La seconde : comment entretenir cette passion quand les confinements successifs rendent les concerts impossibles, voire les réunions de fans inenvisageables ? Lindsay Melbourne a la riposte : « On a tout simplement organisé des réunions Zoom afin de continuer à discuter ensemble. Avec Louise et Brian, afin de gérer au mieux l'AF Gang, mais également avec le reste de la communauté, histoire de continuer à échanger autour de notre passion. »
❤️ NEW MERCH DROP ❤️ featuring a tee designed be Joe ❤️ https://t.co/RHgTmNe0Uf pic.twitter.com/bmMU0V7zLz
— AF GANG (@AFGANGAF) November 20, 2020
Brian y voit une autre difficulté : « Les albums d'IDLES sont super, mais ce n'est que 50% de ce qu'ils sont et de ce qu'ils sont capables de faire. C'est un groupe à avoir en live avant tout. » Un groupe qui a également reçu de vives critiques de la part d’autres formations, types Sleaford Mods, qui accusent Joe Talbot & cie de « s'approprier la classe ouvrière ».
Au point de transformer les membres de l'AF Gang en une sorte d’ultras incapables d’aimer ceux qui souhaiteraient ternir l’image de leur groupe favori ? Que nenni : « La musique peut diviser l’opinion au sein d’AF Gang, mais la seule chose qui compte est la gentillesse, l’amour et le soutien dont beaucoup d’entre nous ont besoin à l’heure actuelle », précise Lindsay. Brian préfère conclure sur une note d'humour : « Rien n'est interdit au sein de la communauté. Cela dit, c'est vrai que je trouve la musique de Sleaford Mods horrible. »
Crédits photo : Lindsay Melbourne