Cagoule sur la tête, Siboy braque le rap français

  • Découvert en 2014 dans les tréfonds du web, Siboy se promettait un « destin royal ». Trois ans plus tard, « Spécial », son premier album, lui donne amplement raison.

    Dans la famille du 92i (Damso, Shay, Benash), Siboy passerait presque pour le mec underground, jusqu’au-boutiste et carrément survolté. C’est bien simple, sous sa cagoule, le protégé de Booba, connu aussi pour ses collaborations avec Kennedy et Seth Gueko, ne fait pas que rapper : il hurle, crie, déballe des obscénités. « Si je crie dans mes chansons, c’est le cœur qui parle », balance-t-il d’ailleurs dans Exécution, comme pour justifier la sincérité et la spontanéité de sa démarche.

    Voilà sans doute pourquoi Siboy n’a pas tarder à faire parler de lui. Tout, chez lui, déborde d’énergie. Il y a d’abord ce flow, brailleur à souhait, sans doute pensé en écoutant très fort les productions d’un autre gueulard du rap français : Iron Sy. Il y a aussi ces punchlines, parfois hardcores, souvent abruptes ce qui ne l’empêche pas d’avoir quelques émotions à livrer, lui dont les parents ont débarqué en France en 1998 pour fuir la guerre du Congo : « J’ai vu des larmes et des pleurs dans les camps rivaux. »  Il y a également cette présence, perceptible dans ses nombreux freestyles défouloirs ou dans le film Divines dans lequel il fait une apparition. Enfin, il y a ses clips, comme Téléphone, dynamique, assez virtuose et visuellement sublime.

    Autant dire que le MC de Mulhouse peut d’ores et déjà se réjouir d’avoir façonné un bel univers, trash et cohérent, que l’on retrouve encore plus maîtrisé sur « Spécial », un premier album plus éclectique que ce à quoi il nous avait habitué jusqu’ici. Une bonne nouvelle, tant Siboy paraît conçu pour durer au sein du hip-hop français.

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