2016 M10 2
Ils s’appellent La rabatteuse, Les autostoppeuses en chaleur ou encore Esclaves sexuelles sur catalogue. Ce sont ces films polémiques qui choqueront la France de Giscard d’Estaing qui préfère mettre un mouchoir (sur les yeux) et qui feront le délice des premiers voyeurs grâce à une certaine Brigitte Lahaie, qui n’a jamais hésité à les sauter.
Quarante ans plus tard et dépoussiérage du culte oblige, Cédric Grand Guillot et Guillaume Le Disez (tous deux fans de films de genre) décident en 2015 de raconter cette drôle d’histoire dans un seul livre lancé en crowdfunding, avec 50 000€ de souscriptions à la clef. Un an plus tard et épaulés par Aurélien Bacot, digger fan de porno groove, ils remettent le couvert avec une version extra large du vinyle initialement proposé, avec onze morceaux tirés de six films cultes de Brigitte et tous composés par le grand Alain Goraguer (plus connu pour sa B.O. de La Planète Sauvage). Comment cette histoire d’amour a-t-elle commencé ? Réponse d’Aurélien Bacot avant la réédition du livre chez Glénat et l’arrivée du disque encore chaud chez les disquaires, courant novembre.
Comment a débuté votre étroite collaboration avec Lahaie et ses films ?
Le livre est parti d’une collaboration avec le producteur historique des films de Brigitte Lahaie, Francis Mischkind, producteur et distributeur (notamment des Petites Écolières, toi-même tu sais, NDLR) parce que les aventures de Brigitte n’avaient jamais été vraiment racontées, alors qu’il faut bien reconnaître qu’elle a marqué plusieurs générations, grâce à plus de cent films derrière elle (sic). On en a donc parlé à Brigitte et elle s’est prise au jeu, puisqu’elle a été jusqu’à écrire certains passages du livre.
Vous attendiez-vous à un tel taux de pénétration chez les fans ?
Totale surprise. On pensait s’adresser à un public d’initiés comme nous, un peu déviant, mais on s’est rapidement rendu compte qu’on pouvait aussi donner une dimension musicale au projet, grâce à ce disque notamment. L’image de Brigitte va bien au-delà du porno, il y a aussi la dimension lifestyle de l’époque, surtout pour les hommes. En regardant un peu les chiffres des campagnes KissKissBankBank, on s’est rendu compte qu’on avait que 8% de contributrices, ah ah !
Peux-tu nous expliquer l’histoire du disque actuellement proposé en version collector ?
Il y a un an, au moment où nous étions sur la confection du livre, nous avons découvert des bandes audio en train de mourir dans le coffre-fort du producteur. C’est de là qu’est venue l’idée de faire un disque, proposé initialement en contrepartie additionnelle avec le livre. Mais face à l’engouement rencontré par cet album, on a décidé de relancer une deuxième campagne de crowdfunding, avec un disque beaucoup plus évolué – des images à l’intérieur, une sous-pochette imprimée, une affiche – que ce qu’aurait été le disque initial.
À quoi attribues-tu la réussite de ces bandes originales, qui n’ont pas pris une ride en quarante ans ?
D’abord au compositeur, Alain Goraguer, un arrangeur mythique de cette période qui dirigeait lui-même les orchestres et qui utilisait les mêmes équipes que pour la composition des films « traditionnels ». Et la tonalité funky-disco est complètement revenue dans l’air du temps. Il faut d’ailleurs savoir que c’est grâce au réalisateur Claude Bernard-Aubert (auteur de L’affaire Dominici avec Jean Gabin, notamment) que Goraguer s’est retrouvé sur ces compositions disons, olé olé. Claude Bernard-Aubert s’était fait planter par Gaumont sur l’une de ses productions et avait accepté de réaliser des films d’un autre genre pour se faire une santé. Et c’est comme ça que son pote Goraguer, sans hésiter, s’est mis au turbin sur les mélodies. Le tout sous pseudo évidemment, mais au final ils auront quand même écrit plus d’une trentaine de films…
Brigitte Lahaie, Le disque de culte, un projet à soutenir sur KissKissBankBank jusqu’au 15 octobre.