2021 M06 2
Ce n'est peut-être pas pour rien si le sexe vient en premier dans le slogan « Sex, drogue et rock'n'roll ». Il suffit de jeter un œil à l'histoire du genre : on aime lire le récit de ces groupies qui ont partagé le lit des vedettes de cette musique électrisée, découvrir ces anecdotes de Debbie Harry sur la taille du sexe de David Bowie, en apprendre davantage sur ces sessions semblables à des orgies (cf la pochette de « Electric Ladyland » de Jimi Hendrix). La vie de Cynthia Plaster Caster s'inscrit dans cette tradition, elle qui confectionne depuis 1968 des moules en plâtre de sexe des rockstars.
N'importe quel esprit un tantinet logique se pose alors ces questions : comment est née cette idée ? Et, surtout, comment est-ce possible ? La réponse est toute simple : étudiante en école d'art à la fin des années 1960, l'Américaine doit un jour réaliser un moulage en plâtre de « quelque chose de solide qui pourrait conserver sa forme ». Ni une, ni deux, elle peaufine sa méthode (en gros : mettre les phallus dans un shaker à Martini rempli de gel destiné aux moules dentaires), et profite d'un concert de Jimi Hendrix à Chicago en 1968 pour bâtir sa solide réputation.
Depuis, les noms ont défilé. Il y en a 48 au total, tous affiliés au rock et tous visiblement pas rassasiés à l’idée de faire de leur instrument l'extension de leur sexe : Joe Biafra (Dead Kennedys), Keith Moon, Wayne Kramer (guitariste de MC5), Chris Connelly, tous ont souhaité immortaliser leur membre dans un moule en plâtre, tandis que Kiss est allé jusqu'à dédier une chanson à Cynthia Plaster. Son titre ? Plaster Caster, tout simplement.
Parmi les nombreux clients de l'Américaine, on trouvait également un certain Frank Zappa, jamais le dernier pour évoquer son sexe (il en a même fait le titre de l'un de ses morceaux) et pour flirter avec l’infâme. À une époque, le leader de Mothers Of Invention aurait même suggéré à la jeune femme de réaliser une exposition à partir de ses moulages. Pudiques, la majorité des artistes ont toutefois préféré décliner la proposition. Ce qui n’a pas empêché Cynthia Plaster d'avoir ses ronds de serviette dans différents musées new-yorkais, ni de commercialiser les reproductions de ces pénis en plâtre. Car, oui, le sexe fait toujours vendre, même quand il est factice.
I’m so very very sad to learn of the passing of #Cynthiaplastercaster I was #0054 1996 pic.twitter.com/iZY2FErBok
— Martin Atkins (@marteeeen) April 21, 2022