2017 M01 5
Ceinture noire du rap. Si pour vous le hip-hop new-yorkais se limite au Bronx, à Brooklyn, au Queens, voire à Harlem, sachez que vous êtes dans l’erreur. Un autre quartier, bien moins ancré dans la mémoire collective du rap, a fait les belles heures du genre musical le plus influent de ces quarante dernières années : Long Island. Et si vous vous dites que les artistes qui en sont sortis ne doivent pas être si cultes que ça, vous êtes irrécupérable. Liste non exhaustive : De La Soul, Public Enemy, Big Daddy Kane, Busta Rhymes, Eric B. & Rakim, Kurtis Blow, Son of Bazerk, MF Doom, EPMD, LL Cool J, Leaders of the New School, Aesop Rock, Prodigy (Mobb Deep), Erick Sermon… Ça va, convaincu ?
Un ghetto presque comme les autres. Lorsque le rap de Long Island explose, à partir de 1986, le quartier fait partie de ce qu’on a appelé dans les années 1970 la « Black Belt », correspondant aux banlieues du Queens. Très majoritairement peuplée de Blancs qui souhaitent fuir les quartiers majoritairement noirs, elle attire finalement ces derniers, issus des classes moyennes, qui y cherchent une plus grande tranquillité. Le phénomène sera tel que les Blancs fuiront progressivement la Black Belt pour laisser place à des familles noires et hispaniques de plus en plus pauvres. Long Island deviendra alors un ghetto comme les autres, avec un tout petit peu plus de mixité. Pas étonnant qu’un paquet de rappeurs y soient nés.
Des sound systems énormes. Si le hip-hop tient une place de choix dans l’histoire de Long Island, c’est grâce à ses sound systems historiques. Au milieu des années 1970, les enceintes de la Black Belt rivalisent avec celles du Queens, qui sont à l’époque les plus puissantes de New York. Le sound system le plus bruyant de Long Island s’appelle alors Spectrum City, avec lequel le rappeur Chuck D s’acoquinera pour fonder plus tard Public Enemy.
Les jeunes à la bourre. Rick Rubin, l’un des deux fondateurs de Def Jam, vient aussi de Long Island et a aidé plusieurs artistes de son coin à percer. Depuis la seconde partie des années 1980, le quartier n’a cessé de fournir au hip-hop des succès monstrueux. Aujourd’hui, pourtant, peu de jeunes pousses peinent à sortir de la Black Belt pour aller titiller les charts hip-hop. Les quelques noms underground qui valent le coup sont notamment répertoriés sur ce bête de blog, tenu par un natif de Long Island visiblement soucieux de rétablir sa terre natale dans l’histoire si sélective du hip-hop.