2017 M10 2
Revendication. L’université de Victoria au Canada, celle de Copenhague au Danemark et l’université Rutgers dans le New Jersey ont un point commun : celui de proposer des cours portant sur Beyoncé, star planétaire, symbole qu’on le veuille ou non de toute une génération. En 2014, la première fac à dispenser des cours portant sur le féminisme de la compagne de Jay-Z se situe près de New York. Le professeur Kevin Allred, enseignant au département des Women’s and Gender Studies à l’université Rutgers, confiait à Libération en 2014 :
« Je pense que cela participe à une nouvelle forme de féminisme, plus jeune, qui revendique le droit d’être sexy, sexualisée, d’exprimer ses désirs sans renoncer à ses prérogatives. »
Une manière d’approfondir certaines thématiques, comme les questions de races, de genres et de sexualités au sein de la société américaine.
Féminisme. On retrouve le même son de cloche chez Erik Steinskog, professeur à l’université de Copenhague. À la rentrée, le musicologue a débuté ses cours sur Beyoncé. Selon lui, l’étude du cas de la native de Houston, au Texas, « permet de faire un focus sur le féminisme afro-américain qu’elle distille dans tous ses albums », raconte-t-il lors d’une interview accordée au Huffington Post. « Nous allons décortiquer ses performances, ses vidéos et autres, à travers une lecture analytique, afin de conduire nos étudiants sur les rives de l’afro-féminisme, un thème peu étudié au Danemark. » L’analyse par exemple de son dernier album « Lemonade », qui affirme la prise de pouvoir par les femmes, va donc bien au-delà de l’observation musicale.
« C’est la seule dont la puissance culturelle est telle qu’elle peut avoir un effet sur la pensée mainstream.« – Kevin Allred, enseignant au département des Women’s and Gender Studies à l’université Rutgers
Symbole. Pour défendre l’étude de la chanteuse, Kevin Allred déclare à Libération : « Beyoncé n’est pas la seule à tenir un discours original sur ces questions — à leur manière, Nicki Minaj et Janelle Monáe le font aussi. Mais c’est la seule dont la puissance culturelle est telle qu’elle peut avoir un effet sur la pensée mainstream. » L’une des justifications est donc son pouvoir de résonance et d’influence sur « la pensée mainstream », comprenez sur la manière dont pense la majeure partie de la population. D’ailleurs, la chanteuse continue de s’intéresser aux classes populaires et n’oublie pas d’où elle vient, faisant souvent références à ses racines. Elle aide par exemple des étudiantes à financer leurs cursus universitaires (pour ensuite étudier Beyoncé ?).
Critique. Alors forcément, question : est-ce un plan marketing ou un réel engagement ? Certaines personnes, comme la romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, critique vivement la chanteuse : « Son féminisme n’est pas le mien. Le féminisme de Beyoncé donne une trop large place à la nécessité d’avoir un homme à ses côtés. » Reste que la chanteuse, qui a vendu plus de 200 millions d’albums, n’a pas fini de faire parler d’elle.