2016 M10 28
À l’exception des abonnés de la presse musicale anglaise et des journalistes spécialisés l’ayant découverte quelques années plus tôt dans un CD-sampler du défunt label AZ, rares sont les observateurs français qui avaient placé Amy Winehouse sur leur radar il y a dix ans pile. « Back to Black », son deuxième album, est sorti le 27 octobre 2006 au Royaume-Uni. Au programme, dix chansons attrape-cœur propulsées par une voix irréelle, à mi-chemin entre l’organe voilé d’une vétéran du circuit jazz et la gouaille d’une post-adolescente des faubourgs londoniens. L’autobiographique Rehab et Tears Dry On Their Own, un remake d’Ain’t No Mountain High Enough de Marvin Gaye et Tammi Terrell, téléportaient le son Motown au 21ème siècle, tandis que He Can Only Hold Her ressuscitait les girl-groups et que Love Is A Losing Game imaginait Etta James accompagnée par les cordes d’Henry Mancini.
En Grande-Bretagne, le démarrage est foudroyant. Encouragé par le succès de Rehab, le phénomène dépasse bientôt ses frontières et atteint les côtes françaises en janvier 2007. Une poignée de chanceux assiste à sa prestation pour L’album de la semaine où plusieurs journalistes, venus interroger la pin-up Spectorienne, repartiront finalement bredouille. Au cours de l’été suivant, il sera impossible de déambuler dans Londres sans tomber sur des clones en robes imprimées et à choucroutes capillaires défiant la gravité, au détour des Puces de Camden Town ou d’un pub de South Kensington. Paris retrouvera Amy Winehouse en octobre 2007 lors d’un concert calamiteux au Zénith. Son dernier dans l’hexagone, avant le fondu au noir…