2016 M12 31
La musique de film a toujours revêtu un caractère particulier. Plus qu’un simple accessoire pour occuper des scènes avec ou sans dialogues, une bande originale a pour rôle d’offrir une nouvelle dimension au métrage et de le rythmer, tout en servant les situations de l’intrigue. Moins connu que les maîtres du genre, Thomas Newman ou Danny Elfman, Rob Simonsen assure cette mission dignement depuis 2003. En une poignée de films (LOL, The English Teacher, Garden State, Nerve, Burnt…), il se balade entre les morceaux des Shins, des Smiths et d’Iron & Wine, omniprésents.
Un destin tout tracé
Élevé au sein d’une famille mélomane et proche de sa grand-mère professeure de chant, il a pu compter sur cette dernière pour apprendre le piano, instrument qu’il finira par étudier, en plus de la théorie de la musique dans des établissements reconnus (University South Oregon, University of Oregon et la Portland State University). Rob se forge alors une culture musicale en écoutant des orchestrations modernes, de la musique électronique, du jazz et, coup de théâtre, de la musique de film. Le natif de Saint-Louis, Missouri – la fameuse Gateway to the West – finira par s’installer à la Cité des Anges. S’ensuit une carrière prolifique, débutée dès 2003 avec une participation à la bande originale de Westender de Broke Morse. Suivrons Surf’s Up, Moneyball, le cultissime (500) Days Of Summer et surtout Life Of Pi, récompensé aux Oscars. Un crédit qui lui confère un certain accueil du public.
Croquer le fruit défendu
L’explosion survient en 2012, grâce à la musique composée pour les spots TV du “téléphone extraordinaire” de la marque à la pomme : l’iPhone 5. Reconnaissables entre mille, le piano classique et les samples ambiants deviennent la marque de fabrique du compositeur. Zach Braff lui-même, réalisateur du très grand Garden State et interprète intemporel du héros de Scrubs, appellera Simonsen après avoir vu défiler la pub sur son écran de télé. The Way, Way Back, The Spectacular Now, Foxcatcher, The Age Of Adaline… Il met en lueur la nouvelle scène cinématographique indé US, placardant son nom comme on exhibe des statuts de Napoléon Bonaparte dans le Grand Empire, de façon digne et… impériale. Rien d’étonnant pour Simonsen qui rassemble aujourd’hui sur son curriculum vitae près de trente films, trois séries télévisées et quelques publicités, en plus de ses activités de visual artist.
L’harmonie, recette du succès ?
Comme il l’explique dans une interview publiée sur YouTube pour la promotion de The Age Of Adaline (Lee Toland Krieger, 2015), Rob Simonsen tient particulièrement aux personnages et fonde le sens de ses compositions sur le ressenti de l’héroïne pour renforcer la communion entre cette dernière et le spectateur : l’harmonie des éléments à l’écran prend source dans ceux qui voguent dans la musique.
On raconte que pendant la ruée vers l’or, ce sont les vendeurs de pioches et de pelles qui s’enrichissaient le plus. En se ruant vers l’Ouest, Rob Simonsen, lui, a enrichi le cinéma.