2022 M03 14
« C'était Laylow, j’essaye de faire à ma façon, et merci d’y croire ». Vendredi soir, alors que le premier de ses deux AccorHotels Arena se termine, le rappeur français fond en larmes. Tout au long de la soirée, ses proches ont défilé sur scène : Damso, Nekfeu, Alphan Wann, Wit. Du début à la fin de son concert, la scénographie a été flamboyante, futuriste, volontiers en phase avec son univers science-fictionnel. En clair, tout était réuni pour faire de Laylow l'homme fort du week-end, un grand nom du rap français, le symbole ultime d'un artiste qui a pris le temps de développer son style, d'y croire même quand tout le monde lui disait que ce qu'il faisait était Spécial, de persévérer jusqu'à la consécration. Soit deux disques de platine (« Trinity » et « L'étrange histoire de Mr. Anderson »), un court-métrage, une reconnaissance critique et un double AccorHôtels Arena.
« Il y a trois ans, je faisais la Boule noire (salle parisienne de 300 places, ndr). Je pouvais voir tous les visages. J’essaie de garder la même proximité. C’est un truc de ouf. Merci de permettre cette histoire », a-t-il répété vendredi soir, l'air fier, le visage ému.
Ce soir @JeyLaylow fait battre le cœur de l’Arena ! 🔥 pic.twitter.com/xUL2JYSWgv
— Accor Arena (@Accor_Arena) March 11, 2022
Si Laylow incarne la toute puissance actuelle du rap, dont l'impact est tel qu'il permet dans son sillage le succès d'artistes a priori éloignés du grand public (ZKR, Josman, Isha), c'est surtout son jusqu'au-boutisme et sa singularité qui ont été récompensés ce week-end. Qu'il est bon en effet d'assister au couronnement d'un rappeur qui, depuis « Digital Night » en 2015, ne cesse de défendre une musique cinématographique, exigeante, bourrée de références et hostiles aux concessions FM. Les premiers pas, forcément, ont surpris, détonné : « Mercy » et « Digitalova » ont pu être vus comme des anomalies, des tentatives un poil trop expérimentales. La vérité, c'est que Laylow était simplement en train de poser les premières fondations d'un monde très marqué, impossible à rattacher à d'autres.
L’entrée surprise de Damso au concert de Laylow, quelle dinguerie ! 🔥
— Kultur (@Kulturlesite_) March 11, 2022
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Les deux concerts du week-end ont d'ailleurs été pensés comme un film à part entière, avec ses danseurs déguisés en ninjas, cette ambiance lugubre à la Tim Burton (logique quand on le connaît), cette arrivée en moto, ce piano qui descend du ciel, ces scénographies qui s'additionnent (une cabane en bois, une devanture de discothèque, etc.). L'ambition était de taille, surtout quand on sait que Laylow n'avait donné que deux concerts à Paris jusqu'alors (la Boule Noire, donc, et l'Olympia), mais elle colle parfaitement à cet homme décidément pas comme les autres, en quête de performances artistiques.
« Quand on était dans notre chambre, faire Bercy c’était impossible, même faire un disque d’or c’était impossible, a-t-il rappelé, conscient du chemin accompli. Le message de mon deuxième album (« L'étrange histoire de Mr. Anderson ») c’est de suivre vos rêves. Plus jeune j’aurais aimé qu’on me le dise. Je fais une musique très personnelle qui essaye de toucher vos âmes. Que vous soyez quinze ou 17 000 ce soir. J’essaye de le faire à ma façon. » Bref, c'était Laylow, et c'était beau.
Nekfeu est arrivé au Bercy de Laylow par surprise 🤯😳🤩 pic.twitter.com/lUVNUCiRkz
— SpécialNekfeu (@special_nekfeu) March 11, 2022