Qui es-tu Selman Faris, producteur de Nekfeu, Laylow et Stromae ?

Après avoir joué l’homme de l’ombre pour les autres, le Parisien se met à son compte avec un premier EP aux grooves implacables, et à paraître au printemps.
  • Si le nom de Selman Faris ne vous évoque rien, rassurez-vous en vous disant que vous avez déjà probablement entendu sa musique. Tapi dans les recoins sombres des studios d’enregistrement, il façonne depuis de longues années maintenant l’identité sonore des pointures du rap français, et plus si affinités. Introduit dès 2016 par Alpha Wann avec qui il a travaillé sur les disques « UMLA » et la « Don Dada Mixtape », ce Parisien de naissance n’a cessé de gonfler un CV qui, lorsqu’on le regarde en 2022, pourrait en faire pâlir plus d’un.

    Proche des membres de feu l’Entourage, cet artisan des rythmes a fait scintiller le « Platinum » de PLK, a brillé parmi « Les Etoiles Vagabondes » de Nekfeu, et aussi mis en sons quelques chapitres de « L’Etrange Histoire de Monsieur Anderson », un disque majeur du genre, signé Laylow. Concernant ces deux dernières lignes, Selman Faris a prolongé l’expérience en supervisant la bande originale des documentaires ou court-métrage qui accompagnaient ces sorties. Des faits d’armes qui ont retenti jusqu’en Belgique, en plein dans les oreilles d’un certain Stromae, qui pour l’occasion l’a invité sur « Multitude », son prochain disque attendu comme le messie.

    Plus qu’un producteur, Selman Faris est un musicien complet, autant à l’aise à la guitare qu’au saz (un instrument à cordes pincées populaire utilisé dans plusieurs pays comme la Turquie) ou au piano et à l’alto. Tous des instruments qu’il a appris à maîtriser lors de son passage au conservatoire en France, ou encore sur les bancs du CalArts de Californie qu’il a fréquenté un temps. Il est aussi un artiste avec des choses à raconter. Il le fera pour la toute première fois dans un projet solo qui viendra ravir un printemps froid. Construit autour de ses origines turques, de « grooves méditerranéens » et solaires, on ne peut, pour le moment, que se délecter de deux morceaux parus sous son nom.

    En octobre dernier, il y a d’abord eu le track TOFAŞ  – qui fait référence à une célèbre marque de voitures des eighties prisées dans la République au croissant. Une piste exclusivement instrumentale sur laquelle Selman Faris, en plus de jouer chacun des instruments, fait le trait d’union entre tradition et modernité. Une technique qu’il explore encore sur Yeni Gün, un deuxième single tout chaud, tout beau, tout funk. Outre le fait de découvrir des paroles chantées dans la langue de ses aînés, on fait également la connaissance d’un instrument à vent plus vieux que Jésus, en vogue sur les rives du Bosphore : une flûte que l’on appelle ney. Cette combinaison raccourcit encore un peu la distance entre Istanbul et Los Angeles, et laisse présager pour ce multi-instrumentiste d'un agréable « nouveau jour » : la traduction de « Yeni Gün ».

    Crédits photo : Lucien Courtine

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