En attendant le retour des Strokes, Julian Casablancas gère son propre label

  • Au-dessus de tout soupçon de paresse créative, Cult Records est surtout un moyen pour Julian Casablancas de produire ses amis et de tenter des expériences musicales. Mais aussi de s’éloigner de la pression qui entoure The Strokes, et d'un passé qui semble lui peser de plus en plus.

    « Cult Records n’en est qu’au début. » Telle était la promesse faite par Julian Casablancas au NME en 2014, une année rétrospectivement déterminante pour son label. Presque inactif depuis sa création en 2009, Cult Records publie alors successivement les albums de Karen O et de Cerebral Ballzy, signe Albert Hammond Jr. (tiens, tiens) et sert de terrain d’expérimentation à Julian Casablancas et ses Voidz pour l’album « Tyranny ». « J’essaye de faire les choses honorablement », concluait-il dans la même interview.

    Insaisissable. Depuis, Cult Records n’a en effet jamais changé sa ligne de conduite : publier les sorties solos de Julian Casablancas (le single Boy/Girl en duo avec Jehnny Beth), les productions des Strokes (l’EP « Future Present Past ») et s’entourer d’artistes aussi ambitieux que son fondateur.

    Possible même que ce bon vieux Julian n’ait qu’une envie : créer, produire, puis adapter à son rythme de vie une sorte de communauté artistique. Quitte à s’aventurer sur des terres qui ne sont à priori pas les siennes, à l’image des deux albums d’Har Mar Superstar, nettement plus ancrés dans un funk flamboyant que dans un rock souillon, déjanté et grognard. Celui défendu, par exemple, par The Growlers et Promiseland, que Julian Casablancas décrit déjà comme « le futur prince de l’anarchie ». Oui, rien que ça.

    En roue libre. Certes, il ne se passe pas tant de choses que cela chez Cult Records, mais le talent de la structure est de proposer à chaque sortie une sève toujours fraîche. Surtout, le label semble servir d’exutoire à Julian Casablancas, à une expérience au sein de laquelle il peut tout tenter. Libre de tout, le New-yorkais se permet donc de produire des albums qui prennent tout leur sens et leur démesure au fur et à mesure des écoutes, loin de ces productions banalisées par le savoir et la raison auxquelles il s’attaque à longueur d’interviews.

    Dans l’une de ses dernières, il allait même plus loin, affirmant que les Strokes ne sont pas sa priorité actuellement, qu’il ne comprend pas les gens qui s’attachent à une certaine idée du rock et qu’il préfère se concentrer sur son deuxième album avec The Voidz. Pas pour rien, finalement, s’il présentait un tout nouveau morceau sur le plateau du late show brésilien The Noite com Danilo Gentili le 18 octobre dernier. Ça s’appelle Wink et ça ressemble à l’idée que l’on peut se faire de Julian Casablancas en 2017 : cradingue et brillant, inégal et virtuose.

    Crédits photo : Carolyn Cole/Los Angeles Times

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