Ash Kidd, ce crooner qui fait du rap

New Kidd on the block. C’est plus que jamais une certitude, le rap français fascine les foules et attise les millions de vues sur YouTube plus facilement que n’importe quel autre genre en Hexagone. Le tout avec une scène qui, de PNL à Vald, en passant par Columbine et MHD, paraît aussi riche et novatrice qu’éclatée. Histoire d’aller toujours plus loin dans la diversité et la singularité, Ash Kidd commence lui aussi à se faire une place au sein de cette impressionnante masse créative. Sa particularité ? Une mélancolie certaine, des inclinaisons évidentes pour les beats embrumés, voire cotonneux, et un cerveau qui baigne dans une fantasmagorie de mots et de références – cf. Nostalgie et son empreint à J’ai demandé à la lune de vous savez qui.

Âme sensible. Produit par Dany Synthé, tête pensante derrière les tubes de Lacrim ou Maître Gims, son dernier single témoigne d’ailleurs avec brio de cette approche du rap : Lolita, premier tube d’un EP (« Mila 809 ») à paraître le 7 juillet, est en effet bourré de punchlines à cheval entre déceptions sentimentales et réflexions sur la vie de jeune adulte : « Elle fait un tour au square, prend des feuilles à l’unité / Écrit dans son livre qu’elle croit plus en l’humanité / Les mecs l’accostent pour ses yeux verts, elle commence à s’faire à l’idée / Elle brûle le fond d’son cœur, s’enferme dans sa réalité. »

Fable moderne. Bref, on sent le rappeur plombé par le spleen et qui le sait, entre le désespoir sorti d’une bouteille, une vie sentimentale en chantier (« J’me pique à l’héro et j’encaisse / Pour que tu deviennes ma princesse », sur Parfum) et tout un tas de regrets planqués derrière des phases au réalisme âpre. « Mila 809 », un manifeste à vif ? Encore mieux : une fable moderne sur l’amour et ses désillusions.