2017 M10 25
Pour le meilleur et pour le pire. On savait déjà que la musique n’était que le strict reflet de la société, de ses passions comme de ses angoisses, mais on ne se doutait pas que le mouvement #BalanceTonPorc, en marche partout autour de la planète depuis deux semaines, permettrait également à nombre de musiciens – et musiciennes, surtout – de sortir du silence dans lequel ils étaient plongés.
Une mauvaise série. Tous genres confondus, les langues commencent à se délier (sic) et chaque jour, on en apprend donc un peu plus sur ces cas relatifs à des viols ou harcèlements sexuels liés à des personnes de l’industrie musicale. Après le cas Alex Calder, pote et musicien de Mac DeMarco, accusé d’agression sexuelle, Matt Mondanile (guitariste du groupe indie Ducktails) et cette semaine Twiggy Ramirez, le bassiste de Marilyn Manson, poursuivi par son ex pour abus physique et moral, c’est au tour d’Alice Glass de prendre la parole via une déclaration publiée sur son site.
« Il m’obligeait à consommer des drogues et de l’alcool pour avoir des relations sexuelles dans des appartements vides.«
Séparation inexpliquée. Pour mieux comprendre l’histoire, il faut remonter au 8 octobre 2014, date à laquelle la chanteuse, dans un tweet laconique, annonce son départ de l’un des groupes les plus chaotiques de la fin des années 2000. Si elle déclare ne plus pouvoir s’exprimer « en sincérité, honnêteté et empathie », Alice ne rentre pas dans les détails ; et le grand public (comme les médias) croient alors à un caprice de diva punk, sans que l’avenir de Crystal Castles ne soit inquiété (Ethan Kath continue depuis le projet avec une remplaçante nommée Edith Frances).
I am leaving Crystal Castles.
— ALICE GLASS (@ALICEGLASS) October 8, 2014
Rattrapé par la justesse. Sauf que, on le sait, tout finit par se savoir, tôt ou tard. Grâce à l’effet boule de neige roulant actuellement sur tous les harceleurs de la planète, Alice a finalement décidé d’expliquer la raison de son départ. Et ce n’est pas joli-joli :
« La première fois qu’Ethan a pris l’ascendant sur moi, j’avais 15 ans. Lui 25. Je venais de monter dans sa voiture, passablement éméchée (à cause de trucs qu’ils m’avaient donné à boire le soir même). À partir de là, il a su exploiter mes failles et faiblesses et s’en est servi contre moi pendant plusieurs mois pendant lesquels il m’obligeait à consommer des drogues et de l’alcool pour avoir des relations sexuelles dans des appartements vides avec lesquels il jonglait. »
Outre le fait que le profil psy décrit par Alice soit exactement celui d’un pervers sexuel, celle-ci ajoute que les relations sexuelles n’étaient pas toujours consenties et qu’elle n’était pas autorisée à utiliser son propre téléphone, ni sa carte de crédit. Un état de dépendance qui rappelle étrangement les allégations contre R. Kelly (accusé d’être un gourou sexuel) et qui sont encore à prendre au conditionnel, Ethan Kath n’ayant pas encore été traduit devant la justice.
N’empêche que cette histoire, encore plus glaçante que la musique du duo, permet de mieux comprendre comment, plus de dix ans après sa construction, le Château de cristal canadien s’est définitivement brisé.