2016 M12 24
À l’heure où l’Amérique noire est presque quotidiennement meurtrie par des histoires de bavures policières, de Ferguson à Baltimore, en passant par Baton Rouge et Oakland, certains rappeurs trouvent encore le moyen de ne pas céder à la colère, de ne pas transformer leur musique en une sorte de haine froide, usinée à la chaîne en soutien au mouvement Black Lives Matter.
Un bref coup d’œil aux clips de Broccoli et Cash Machine de D.R.A.M. (acronyme de Does.Real.Ass.Music) suffit à s’en rendre compte : dans le premier, on voit le rappeur de Virginie jouer du piano les pieds dans l’eau ; dans le second, l’auteur de Big Baby D.R.A.M., tout de rose vêtu, sillonne les rues sur un tricycle armé d’un flingue en plastique dont les balles ont été remplacées par des billets. Ou comment renvoyer Louis C.K. et Chris Tucker à la retraite, tout en faisant écho à la démarche d’autres rappeurs tels que Rae Sremmurd (Black Beatles, bande-son officielle du Mannequin Challenge), Lil Yachty ou encore Chance The Rapper qui, suite à la publication de « Coloring Book » en mai dernier, encourageait les MCs à glisser quelques notes d’humour dans leurs lyrics ou ailleurs via le #BlackBoyJoy.
À l’image de ce qu’ont pu entreprendre par le passé Ol’ Dirty Bastard, Eminem ou encore Tyler, The Creator, leurs textes, faits de références aux jeux vidéo, à la culture geek ou aux dessins animés, donnent ainsi l’impression de moquer le reste du monde avec cette posture hédoniste et cet authentique je-m’en-foutisme de branleur 2.0. En clair, Kanye West n’a qu’à bien se tenir : son échange de bonnes grâces avec tonton Trump est loin d’avoir été la meilleure blague de l’année.