Le Nigéria a été à la pointe du disco et vous ne le saviez pas

Au début des années 1980, le Nigéria goûte à la démocratie après des années de dictature militaire. Pendant que le pionnier Fela Kuti se sert de l’afrobeat pour dénoncer la corruption et les inégalités du pays, la majeure partie de la jeunesse n’a qu’une envie, plutôt légitime : danser et flirter en club, en nœud papillon et pantalon à paillettes, comme l’ont fait avant eux les Européens et les Américains où le disco vit ses dernières heures. Les musiciens de Lagos profitent de la bonne forme économique du pays où le pétrole coule à flot pour enregistrer en studio et parfois même aux États-Unis. Les Nigérians veulent profiter de la vie et ce mantra disco « enjoy your life » est plus envoûtant que jamais quand il devient un tube d’Oby Onyioha.

On dit souvent que la créativité naît de l’ennui dans les villes grises (de Manchester à Detroit), mais cette ère-là s’enivre de ses excès et de sa liberté retrouvée. On ondule déjà à l’écoute des premiers beats, des variations funk et d’un certain groove local qui colore une palette disco qui ne lasse jamais sous la boule à facettes.

Si on retrouve la crème de ces hits sur notre platine, c’est grâce au label britannique Soundway qui s’est donné pour mission depuis 2002 de rééditer des trésors perdus de la musique africaine. La compilation « Doing It Lagos » nous plonge dans cette décennie nigériane où le boogie, la pop et le disco inondent les ondes et les dancefloors. Soyez toutefois prévenus : le partage de ces titres rares fera le bonheur des diggers et le malheur des collectionneurs qui verront baisser la cote de leurs disques et des grognons allergiques à la bonne humeur.

Compilation « Doing It Lagos, Boogie, Pop & Disco In 1980s Nigeria » (Soundway Records)