Columbine, les rappeurs de Rennes qu’on n’attendait pas

Disons-le clairement : la Bretagne n’a jamais été la plaque tournante du rap français. Il y a bien eu la consécration du rap celtique avec Manau (paradoxalement originaire de Paris), le verbe âcre de Psykick Lyrikah ou le rap hybride de Lexxcoop, qui est allé jusqu’à jouer en première partie de Dizzee Rascal, mais les (bons) exemples sont assez rares. C’est dire le coup réussi par les deux gars de Columbine, dont le dernier clip, Enfants Terribles, cumule plus d’1,5 million de vues un mois après sa sortie.

La réussite est totale, le buzz certain, et ces mecs surexcités de 25 ans à peine ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : producteurs, réalisateurs et auteurs, Foda C et Lujipeka s’apprêtent à sortir « Enfants terribles », une mixtape à entendre comme la confirmation d’un duo hors-piste, explosant les barrières avec un systématisme appuyé, des grossièretés superbes, bordées d’humour, et des clips exubérants, stylisés à l’extrême.

70 millions de vues. Proche du duo, membre du collectif du même nom (Columbine), Lorenzo fait lui aussi partie de ces rappeurs rennais prêts à mettre le reste de l’Hexagone à l’amende. C’est bien simple, sous son bob, ses lunettes et sa moustache, « l’empereur du sale » totalise aujourd’hui plus de 70 millions de vues, enquille les scènes prestigieuses, collabore avec les producteurs les plus cotés (Clyde P notamment) et rend évidente sa parenté avec la liberté créative qui agite aujourd’hui le rap français. Il suffit d’ailleurs d’écouter son dernier single, Le son qui fait plaiz, pour comprendre que le mec, capable de mettre un de ses albums à 75 000€ sur Ebay, terrasse la concurrence avec humour (« Si j’connais ta meuf, ça veut dire qu’t’es cocu »), fuit l’immobilisme et fait de la scène rennaise autre chose qu’une simple curiosité de Province.