En 2017, Iggy Pop sera-t-il le dernier rescapé des sixties ?

Dans la foulée d’un Paterson ultra contemplatif, Jim Jarmusch revient avec un documentaire nettement plus explosif consacré aux Stooges, Gimme Danger. Envisagé comme « une lettre d’amour », il revient sur les influences du groupe (de Sun Ra aux blues de Chicago), son style (débraillé et autodestructeur), ses fans (des étudiants intellos aux loners du Midwest) ainsi que sa postérité : les Stooges tournent toujours sous la houlette de leur chanteur. Certes, manque la moitié des piliers fondateurs (les frères Ron et Scott Asheton sont morts en 2009 et 2014) mais l’énergie est encore là, 50 ans après la formation du groupe en banlieue sinistre de Detroit.

Grand-père du punk. Alors que le punk est aujourd’hui sur toutes les lèvres (l’anniversaire des 60 ans du mouvement, l’autodafé du fils du couple Westwood-McLaren) et que même Sid Vicious a repris son I Wanna Be Your Dog, quoi de plus logique que la sortie de Gimme Danger, qui rappelle à quel point les Stooges en furent les pionniers ? Et ce, malgré leur première séparation, survenue après la sortie du troisième album, « Raw Power », dans une ambiance toxique et sulfureuse, et avant le passage en hôpital psychiatrique (servant alors de cure de détox) pour l’Iguane. Il sera alors sauvé par le messie Bowie, qui l’emportera dans ses valises pour Berlin. La suite, on la connaît : les hauts et les bas des années 1980 (mi SDF, mi pop star), le retour en force des années 1990 (où il devient un parrain du grunge), les disques plus ou moins convaincants des années 2000 (ah, les calamiteuses reprises en français de « Après » !) et la re-formation des Stooges en 2003. Son dernier album enregistré avec Josh Homme, « Post Pop Depression » (2016), lui a suffisamment fait honneur pour qu’il reparte, une fois encore, en tournée.

Selon Jarmusch, Iggy Pop est un alien s’embellissant au fil des années. Difficile de croire qu’il va fêter ses 70 ans le 21 avril prochain, mais être l’inventeur du stage diving, ça conserve.