Tuto : Comment réussir son top de fin d’année ?

Mettre une bonne dose de mauvaise foi. On ne vous apprendra rien en vous disant que le consensuel a toujours été aussi boring qu’un dimanche en famille devant une émission de Michel Drucker. Plutôt que de chercher à faire l’unanimité avec un top de fin d’année qui transpire le bon goût, un conseil, donc : osez l’imprévu, l’album choc, celui que personne ne s’attendait à entendre au moment de faire les comptes. En clair, prenez position et, si l’occasion se présente, n’hésitez pas à rappeler à votre entourage que les Parquet Courts ont publié cette année LE disque que des tas de punks des 70’s n’ont jamais réussi à composer.

Ne pas oublier les grosses sorties. Allez, avouez-le : en bon fan d’indie et en grand lecteur de presse spécialisée, vous pensez que « Skeleton Tree » de Nick Cave est le meilleur disque de l’année, que les productions dites mainstream n’ont pas leur place dans votre top 10, que même Radiohead et Bon Iver sont bien trop connus pour passer pour un érudit devant vos potes. Faux, archi-faux. Par exemple, oublier de citer « Blonde » de Frank Ocean ou « Post Pop Depression » d’Iggy Pop en 2016, ce serait un peu comme parler de l’œuvre de Leonard Cohen sans évoquer « Death of a Ladies’ Man » : une hérésie totale.

Ne pas se fier aux classements des magazines spécialisés. Soyons clairs : allez voir ce que Pitchfork, Rolling Stone ou Rock & Folk ont mis dans leur top ne vous sera d’aucune aide. Votre sélection, on le dit, on le répète, doit refléter votre personnalité, vos paradoxes, vos passions fulgurantes. Si vous êtes un fan d’indie-pop, alors citez « Do Hollywood » de The Lemon Twigs et envoyez balader tous ces incultes qui placeront « The Life Of Pablo » de Kanye West en tête de leur classement. Si vous êtes fan du rappeur américain, faites l’inverse. Ça marche aussi. Après tout, qui a envie de voir un énième top où « Blackstar » de Bowie et « Lemonade » de Beyoncé squattent systématiquement les premières places ?

Toujours placer un disque méconnu. Qu’il s’agisse d’un top 10, 20 ou 50, il y a quoi qu’il en soit suffisamment de place pour glisser le disque du groupe de votre pote ou d’un mec que vous avez découvert au hasard des écoutes sur SoundCloud et YouTube. Cette année, par exemple, ça pourrait très bien être « Demain est une autre nuit » d’Essaie Pas ou « Channel The Spirits » de The Comet Is Coming. Le grand public ne les connaît probablement pas mais c’est tant mieux : ça donne un genre, ça participe à la survie culturelle d’un disque rare et obscur et, surtout, ça suscite la curiosité. Et puis, qui a dit qu’un classique était à corréler avec le nombre d’exemplaires écoulés ou le nombre de « fans » sur Facebook ?

Mettre The Last Shadow Puppets au sommet du classement. Voyez : de la mauvaise foi, pure et dure !