Le magazine Rolling Stone classe les 200 meilleurs chanteurs de l'histoire (et crée la polémique)

On a beau le savoir, se dire qu'un top est nécessairement incomplet et subjectif, il convient de le rappeler à chaque fois : l'important, avec ce type d'article, n'est pas d'être exhaustif, ni même de flatter les goûts de chacun, mais bien d'être représentatif d'un média, d'une ligne éditoriale, d'une vision de la musique. Sachant cela, impossible a priori d'être étonné par l'absence de Céline Dion au sein du classement des « 200 meilleurs chanteurs de tous les temps » publié par Rolling Stone, de même que par la position occupée par Taylor Swift, largement devant Christina Aguilera et Barbra Streisand.

Ce ne sont là que des avis, presque évidents de la part d’un magazine qui n’a jamais porté la discographie de Céline Dion dans son cœur, tout en multipliant les articles élogieux au sujet de Taylor Swift ces dernières années.

Il faut croire néanmoins que l'époque ne se prête pas aux avis nuancés et que les tops suscitent à chaque fois des commentaires aussi tranchants que les choix effectués. Sur les réseaux, les internautes s'affolent de tels partis pris, quand certains s'indignent tout simplement de la place occupée par certaines popstars : « Ils ont relégué LE Michael Jackson à la 86e place ?! », s'étonne l'actrice Yvette Nicole Brown (Community), tandis que le média australien New regrette l'absence de Judy Garland, Madonna et, donc, Céline Dion, cette « diva » qui a vendu plus 250 millions d'albums.

C'est vrai qu'en termes de chiffres et de techniques vocales, la Québécoise semble avoir ses ronds de serviette à la table des plus grands. Sauf que Rolling Stone, qui a préféré miser sur Rosalía ou l'un des chanteurs de BTS (Jung Kook), a dès l'introduction de l'article posé ses critères (tout aussi subjectifs, finalement) : « Avant de parcourir ce classement (et de le commenter), gardez en tête qu'il s'agit de la liste des plus grands chanteurs, pas celle des plus grandes voix. Le talent est impressionnant, mais le génie est transcendant. »

Sur sa lancée, le média américain précise également que, « dans la majorité des cas, ce qui nous a importé était l'originalité, l'influence, la profondeur du catalogue de l'artiste, et l'étendue de son héritage musical ». De ce point de vue, difficile de nier que Céline Dion ou Cher (également absente !) ont sans doute provoqué moins de vocations (du moins, au sein du paysage pop moderne) que Beyoncé, Otis Redding, Mariah Carey, Whitney Houston, Stevie Wonder, Ray Charles ou Aretha Franklin : soit tous les artistes placés en tête du classement par le magazine.

Une justification qui peine à convaincre, de même que l'intérêt réel de cette liste, très anglo-saxonne, pour ne pas dire essentiellement américaine, au sein de laquelle se détache toutefois une Française : Françoise Hardy, à la 162ème place. Pas la plus grande voix, donc, mais un répertoire, un timbre et une sensibilité aptes à faire fondre les cœurs de rockeur. Et si c’était tout simplement ça qui comptait, finalement ?