Il y a 25 ans, Céline Dion devenait "le roi du monde" grâce à Titanic

Enfin de retour en tant que réalisateur avec le très attendu "Avatar : La Voie de l'eau", James Cameron fête aussi cette année le vingt-cinquième anniversaire de son plus gros succès au box-office, "Titanic". L’occasion de revenir sur l’histoire de "My Heart Will Go On", la chanson de Céline Dion qui continue de hanter nos esprits, mais qui a surtout propulsé la chanteuse dans une autre dimension.
  • Near, far, wherever you are… Quand Céline Dion atteint les notes de cette redoutable progression d’accords, personne ne peut résister à l’envie de pleurer, c’est scientifiquement prouvé. Avec 18 millions d’exemplaires écoulés, My Heart Will Go On est le onzième single le plus vendu de l’histoire.

    Morceau de bravoure inévitable de la culture populaire du denier quart de siècle, il est peut-être même plus célèbre que le film pour lequel il a été composé, quand bien même ce dernier est le troisième plus gros succès de tous les temps au box-office. Oui, pour le meilleur et pour le pire, My Heart Will Go On est depuis sa sortie en novembre 1997 une des chansons les plus utilisées et reprises du monde, sur tous les supports et dans toutes les situations.

    Et comme souvent pour les rares morceaux qui rentrent dans cette catégorie, ce succès a tout d’un heureux accident qui a failli ne jamais se produire. En cette année 1997, l’inquiétude monte à Hollywood : à l’approche de sa sortie, le film de James Cameron est considéré par beaucoup comme un projet extravagant et exagérément coûteux, programmé pour couler.

    Le réalisateur canadien est sur la défensive et doit apaiser les grands patrons des studios, inquiets de perdre des centaines de millions de dollars. Et quoi de mieux pour assurer la promo d’un film qu’une chanson irrésistible utilisée dans le générique de fin ? Problème : James Cameron ne veut que de la musique instrumentale et surtout pas de paroles à la fin d’un film historique aussi dramatique.

    La légende raconte même qu’il aurait déclaré : « Est-ce que vous mettriez une chanson à la fin de La Liste de Schindler ? ». Mais le réalisateur ne sait pas que dans son dos, le compositeur de la bande-originale de "Titanic" James Horner a décidé de faire appel au parolier Will Jennings pour imaginer les mots qui pourraient accompagner le thème instrumental déjà composé et utilisé largement dans le film.

    Dans son esprit, James Horner a déjà une certaine interprète en tête. Pour convaincre Céline Dion, il se rend directement dans sa suite au Caesars Palace de Las Vegas, et lui joue le morceau en chantant – très mal, selon les témoins de l’époque. Après avoir déjà enregistré Because You Loved Me et Beauty and the Beast pour le cinéma, la chanteuse n’a pas très envie de remettre ça, mais comme souvent, son mari et manager René Angélil a assez de flair pour sentir l’énorme coup à faire.

    Ni une ni deux, Céline Dion se retrouve en studio pour enregistrer une démo alors qu’elle n’est pas au mieux. En plein syndrome prémenstruel, elle se résout à prendre un café sucré, ce qu’elle ne fait normalement jamais lorsqu’elle enregistre, car cela accélère son vibrato. Bingo : la première prise est la bonne car tout le monde a des frissons voire pleure carrément dans le studio. C’est cette version démo qui sera utilisée dans le film, mais James Cameron ne le sait pas encore.

    Effrayé à l’idée de lui en parler, James Horner se trimballe avec la cassette de l’enregistrement pendant des semaines, avant de trouver le bon moment pour la faire écouter au réalisateur, un jour où il est de bonne humeur.

    D’abord sceptique et inquiet de passer pour un vendeur de soupe commerciale, James Cameron est finalement convaincu après plusieurs projections tests qui montrent l’efficacité du morceau sur le générique de fin.

    Il a aussi en tête le succès d’une autre énorme power ballad popularisée par un film, le I Will Always Love You chanté par Whitney Houston dans Bodyguard (Mick Jackson, 1992), et seul single d'une artiste féminine à s'être davantage vendu que celui de Céline Dion.

    En novembre 1997, une version retravaillée de My Heart Will Go On sort d’abord sur le nouvel album de Céline Dion, "Let’s Talk About Love". Ce dernier se vend déjà à 10 millions d’exemplaires avant même la sortie de Titanic.

    Mais une fois que le public a entendu le morceau dans le générique de fin du film, c’est la folie. L’album s’écoule à 31 millions d’exemplaires, et la bande-originale de Titanic signée James Horner et où apparaît aussi le titre en fait presque autant.

    Inévitablement, le morceau sort en single dans le monde entier en janvier 1998, et il se classe numéro un des ventes dans 25 pays.

    Omniprésent à la radio et à la télévision grâce à son clip, My Heart Will Go On fait la promo gratuite de Titanic pendant des mois, et permet au film de battre des records au box-office. Le bouche à oreille est dingue : on se presse dans les cinémas au moins autant pour pleurer en écoutant la musique que devant l’histoire d’amour entre Jack et Rose.

    En France, Titanic devient le plus gros succès du box-office hexagonal avec plus de 20 millions d’entrées, un chiffre totalement inimaginable aujourd’hui, et le single se vend à 1,2 million d’exemplaires. My Heart Will Go On devient le morceau le plus célèbre de Céline Dion, et la chanteuse change de dimension.

    Elle remporte l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure chanson originale en 1998, avant de réaliser un quadruplé spectaculaire aux Grammy Awards l’année suivante. Et malgré ses réticences initiales, elle ne peut plus passer une soirée sans chanter le titre à ses fans.

    Bien sûr l’omniprésence de My Heart Will Go On en a aussi fait l’un des morceaux les plus détestés du monde. Lors d’une interview, Kate Winslet a déclaré qu’à chaque fois qu’elle entendait la chanson, elle avait envie de vomir… Et en 2011, le lectorat du magazine Rolling Stone la classe septième pire chanson des années 1990, loin derrière le Barbie Girl d’Aqua toutefois.

    Epoque cynique oblige, le titre est aujourd’hui considéré comme un monument kitsch, mais il reste néanmoins l’exemple le plus parfait d’association réussie entre une chanson et un film.

    Surtout, sa postérité dans la pop culture est assurée par son motif inoubliable de tin whistle et sa progression mélodique épique, qui se prête parfaitement à tous les détournements.

    Voilà pourquoi les fans de sport se régalent avec les vidéos d’actions légendaires accompagnées par les notes de My Heart Will Go On, car c’est bien connu, tout est « better with Titanic music ».

    A lire aussi