La success story des Limiñanas en 5 dates

  • Comment devient-on subitement le groupe de rock le plus cool de France après vingt ans à transpirer dans l’ombre ? Pour Jack, les Limiñanas reviennent sur cinq dates marquantes qui ont changé leur carrière.

    1994 : les débuts difficiles

    « Au Lycée, je rencontre ceux qui vont rester mes meilleurs potes et avec qui on décide de monter un groupe anar et Stoogien extrêmement décadent qui s’appelait Les Gardiens du Canigou et qui, en 1994, deviendra The Beach Bitches. À ce moment-là, on bosse beaucoup, on tourne en France et on fait un premier 45T fabriqué en Tchécoslovaquie, à l’époque où les Tchèques te répondent en tchèque quand tu veux savoir où est ton colis… Un maxi et deux albums plus tard, nous tournons dans une bétaillère sans papiers ni assurance et vêtus de peau de bête. On splittera en studio pour une histoire d’horaire d’enregistrement. Il faut dire qu’à cette époque, en dehors du petit réseau ultra indépendant, cette musique n’intéressait strictement personne. Quand tu appelais un club rock et que tu te présentais comme membre d’un groupe « garage », le mec au téléphone te répondait « qu’il ne réparait pas les bagnoles ». J’ai noté les noms. Il y en a qui sont encore dans le circuit. Plus tard, on a monté Les Bellas avec Marie [la moitié des Limiñanas et la femme de Lionel, NDLR]. Il y a eu deux 45T et un album. »

    1996 : Un disquaire qui fait faillite

    « C’est l’année où je deviens disquaire. Avec Marie, On monte la boutique Vinyl Maniac à Perpignan. Un beau suicide commercial au moment de l’effondrement du vinyle ! On vendait beaucoup de garage punk contemporain mais aussi les rééditions de pépites sixties : de la soul, du hardcore et la scène émergente de l’époque avec les premiers disques des White Stripes ou les ultras militantes d’Olympia (Gossip, Bikini Kill). Parallèlement et grâce à nos connections toulousaines, on commence à organiser des concerts dans la cave du Café de la source, avec des entrées à 15 francs. On a la chance de pouvoir programmer la crème de la scène de l’époque. Des Américains, des Allemands, des Français…. On a donc partagé la table des Oblivians, Revelators, DM Bob and the Deficits, TV Killers, New bomb Turks, Country Teasers, BellRays… Une très belle période de notre vie. C’est sûrement pour ça qu’on le faisait, passer du temps avec les groupes. J’ai dû fermer la boutique et après quelques années d’usine et d’agriculture, je suis parti bosser à la Fnac où j’ai rencontré des gens merveilleux. Et des gens qui l’étaient moins. »

    « Plus facile de jouer en Hollande qu’à Montpellier ! »

    2009 : Naissance des Limiñanas

    « Les Sonic Chicken 4 [un groupe de garage-punk américain, NDLR] signent sur le label In The Red à L.A. et partent dans la foulée en tournée européenne, ce qui a pour conséquence de vider Perpignan de la moitié de ses musiciens. C’est à ce moment que le musicien Pascal Comelade m’invite à jouer sur trois titres de son album « A Freak Serenade ». Je comprends alors qu’on peut produire de la musique différemment, en dehors du modèle groupe-répétitions-enregistrement. On met en boite deux titres, juste Marie et moi : I’m Dead et Migas 2000. On décide de les poster sur Myspace pour les faire écouter à des proches et… On signe presque dans la foulée sur les labels Trouble In Mind et Hozac, à Chicago. On n’a jamais plus arrêté depuis. »

    2015 : signature chez une vraie maison de disques

    « La rencontre avec le label Because a tout changé pour nous. Et je ne parle pas que de l’exposition médiatique qu’ils nous ont offerte, mais également de leur savoir-faire, c’est une vraie et belle maison de disques, l’une des dernières en France avec ce type de compétences. Ils se sont pliés en quatre pour nous. Et on les aime beaucoup. »

    2016 : année médiatique

    « Parler d’explosion médiatique n’est pas tout à fait juste. Dig it, Rock and Folk, France inter, France Culture, Oui FM, Les Inrocks et des gens comme Philippe Vecchi nous soutiennent, c’est vrai et nous suivent depuis le premier album. Jusqu’à notre signature chez Because et la sortie de « Malamore », on n’avait pas de deal de distribution en France pour nos albums et plus en de ça on ne voulait pas de tourneur ! Donc, en gros, c’était plus facile de caler une date en Hollande qu’à Montpellier ! Et ça nous allait très bien ! En 2016, on a eu la chance d’avoir à la fois Because et un groupe de scène disponible pour nous accompagner. Disons que c’était le bon moment. »

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