

En Tchétchénie, on peut encore mourir parce qu'on est un chanteur gay
2017 M10 26
Le sort de la pop star Zelimkhan Bakaev, arrêté en août dernier à Grozny, est flou. Mais selon plusieurs ONG et associations locales, il serait décédé dans un des camps anti-gay mis en place par le pouvoir tchétchène depuis début 2017.
Nouvelle star. Cela faisait plusieurs mois que Zelimkhan Bakaev ne pouvait plus se produire dans sa Tchétchénie natale. Des « soupçons d’homosexualité » planaient sur lui, dans une contrée russe où le pouvoir en place a instauré, depuis début 2017, une répression violente envers les communautés LGBT. Le jeune chanteur de pop, né en 1992, est pourtant une célébrité locale. Son titre Nana a été un beau succès dans son pays, ce qui lui avait permis de se présenter à l’émission New Star Factory, équivalent de la Nouvelle Star en Tchétchénie.
Kidnapping. Mais cela ne change pas grand-chose. Alors qu’il se rendait au mariage de sa sœur à Grozny (capitale tchétchène) le 8 août dernier, des hommes en habits militaires l’ont arrêté, probablement des hommes de la SOBR, les forces spéciales russes. Son portable est désactivé, mais peu de temps après, sa famille reçoit un message WhatsApp de sa part, expliquant qu’il est parti en Allemagne. Personne n’y croit vraiment. L’affaire prend alors de l’ampleur lorsque le 24 septembre, une vidéo montrant Zelimkhan Bakaev est diffusée sur Grozny TV.
Déportation dans un camp « anti-gay ». Sauf que sur cette vidéo, le mobilier derrière lui est russe et une boisson présente dans le cadre n’est pas vendue en Allemagne. Selon Russian LGBT Network, la vidéo serait donc bidonnée et bien plus ancienne qu’on voudrait le faire croire.

La pop star tchétchène serait en fait décédée dans un camp anti-gay après avoir été torturée. Lundi, Guillaume Mélanie, président de l’association Urgence Tchétchénie, déclarait au Parisien : « Sa disparition est confirmée, mais on ne peut pas se prononcer sur son décès. Rien ne confirme non plus qu’il a été arrêté à cause de son homosexualité qui n’a jamais été révélée. » Certes. Mais rien n’empêche non plus de croire que le pouvoir russe, férocement opposé à l’homosexualité, ne lui ait réservé le même sort qu’à des centaines de victimes de la purge anti-gay en Tchétchénie débutée au printemps dernier.