2017 M12 6
La semaine dernière, sa mort avait été annoncée par erreur. Tout le monde avait alors ricané des rumeurs, et salué ce qui s’apparentait alors à un énième tour de force du chanteur, capable de survivre à sa fausse disparition, annoncée un peu partout. En apprenant cette nuit son décès, on aurait aimé croire au même canular, et pourtant, cette fois, c’est vrai : « Johnny Hallyday est parti, a déclaré sa compagne depuis 20 ans, Laetitia. Jean-Philippe Smet est décédé dans la nuit du 5 décembre 2017. J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant, c’est bien cela. Mon homme n’est plus. »
Deuil national. Régnant sur la musique française au sens large, du rock à la variété, depuis presque 60 ans, Johnny Hallyday avait croisé tout le monde, de Jimi Hendrix aux Stones, et vendu plus de 110 millions d’albums tout au long d’une carrière qu’on avait fini par croire éternelle. L’histoire ne dit pas s’il aura droit à une entrée au Panthéon, ni si un jour de deuil national sera célébré, mais c’est aujourd’hui hélas le début d’une longue marche balisée par des hommages plus ou moins inspirés, des RIP à foison sur les réseaux sociaux avec, en bout de course, l’espoir que les jeunes générations redécouvriront les albums les plus méconnus et géniaux d’une discographie qu’on avait fini, bêtement, par considérer mineure.
Johnny Hallyday, c’était certes Que je t’aime, Allumer le feu ou encore Gabrielle, mais c’était aussi un formidable et improbable album concept composé en hommage à Hamlet, un autre (« La peur ») inspiré par Mad Max, aux sonorités plus métalliques, et un disque chef-d’œuvre, « La génération perdue », composé de reprises des Beatles et de tubes inusables (Noir c’est noir, cheveux longs idées courtes) qui ont imposé durablement le jeune Johnny dans le paysage. Quarante ans plus tard, la nuit ne l’a pas retenu.