Rencontre avec Rob, l'homme derrière la B.O. du "Bureau des légendes"  

  • À l'occasion de la saison 3 du « Bureau des Légendes » qui débarque sur Canal+, on a mis sur écoute son compositeur Rob, également collaborateur de Phoenix et de Sébastien Tellier à ses heures perdues.

    Comment t’es-tu retrouvé à bosser sur Le Bureau des Légendes ?

    J’avais composé la musique de Rock the Casbah, un film de Laïla Marrakchi, elle faisait partie des quelques réalisateurs choisis par Éric Rochant pour l’épauler sur la première saison. Éric a vu le film et m’a contacté par la suite.

    Beaucoup de gens aiment Le Bureau des Légendes pour son côté ouvertement réaliste. C’est un aspect de la série qui a fonctionné sur toi, quand tu as composé la B.O. ?

    Avec la musique, j’ai au contraire essayé de décoller du réel, d’épouser les émotions profondes et étranges des situations, le stress et le mensonge permanent ont été des moteurs d’inspiration, mais aussi l’histoire d’amour qui est le cœur de la série. Beaucoup de musiques sont essentiellement romantiques, ce qui est assez étrange dans un tel cadre. Mais c’est aussi un point fort, certains moments de la saison 3 peuvent me faire pleurer…

    Tu as eu l’occasion de voir les épisodes avant de composer ?

    Non, je lis tous les scripts et ne découvre les épisodes qu’au fur et à mesure, après avoir composé !

    Il y a des B.O. qui t’ont servi de modèle pour Le Bureau des Légendes ?

    Pas du tout. J’ai essayé de créer une musique totalement originale, à l’instar de la série dont le ton est vraiment unique.

    Dans ce cas, j’imagine que la réalisation de cette bande-son devait être différente de celle de tes deux albums solos…

    Elle n’a effectivement rien à voir avec ces albums, même si j’espère avoir réussi à introduire des mélodies, des thèmes dans la musique de la série… C’est une musique très hybride aussi, il y a énormément de synthés et de programmations, mais aussi beaucoup de percussions, de flûtes, des chœurs aussi… C’est une musique assez complexe en fait et je ne suis pas très sûr moi-même de pouvoir l’analyser… Elle est composée  comme souvent pour moi  presque comme de l’écriture automatique. Je me laisse totalement porté par les émotions de la lecture des scénarios. Ce n’est qu’en retravaillant à l’image que je parviens à plus intellectualiser…

    Et par rapport à tes précédentes bandes-son (Belle Épine, Grand Central, Populaire), il y avait une différence ?

    Ce qui est nouveau ici, c’est l’idée de réaliser une importante quantité de musique exploitable (plus de sept heures pour ces trois saisons) avant même de voir la moindre image. Le rythme très intense de production nous a inspiré cette méthode, car une fois qu’on est lancés, tout doit aller très vite. Depuis mon studio à Paris, je fabrique en quelque sorte une pioche, dans laquelle Éric peut aller chercher ce dont il a besoin.

    Dans le communiqué de presse, il est dit que ces 25 compositions ont été écrites avec « la collaboration attentionnée d’Éric Rochant ». Ça veut dire que tu étais toi aussi sur écoute ?

    Disons qu’en tant que « showrunner », Eric a supervisé chaque étape, il a lui-même placé mes musiques à l’image, est venu valider chaque mix de chaque morceau de chaque épisode ! Il n’a jamais rien délégué. À vrai dire, chacune des trois saisons s’est déroulée de la même façon : Éric me fait parvenir l’intégralité des scripts et me donne quelques orientations (musique minimale/expérimentale, besoin de tension ou de tragédie, etc.). Je compose une vingtaine de morceaux à partir de ces lectures, Éric me réoriente si besoin et m’indique des besoins spécifiques (comme une scène de poursuite de quatre minutes, par exemple)… Voilà pourquoi on parle de collaboration attentionnée.

    (C) Charlotte Ortholary / Figure.fr

    D’un point de vue plus global, comment expliques-tu la popularité de cette série ?

    La façon dont les scénaristes anticipent l’actualité est assez troublante. D’ailleurs, l’idée d’avoir imposé un réalisme dès la première saison fait qu’on croit à 100% tout ce qu’on nous raconte : ça se passe vraiment comme ça à la DGSE ! Je trouve aussi que l’écriture y est brillante et c’est assez rare de ne pas se sentir pris pour un con à la télévision…

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