2022 M10 23
En plus du destin de Paris Jackson, voici une nouvelle histoire qui confirme qu’être « fille ou fils de » n’est pas qu’une prison aux barreaux dorés. Gracie Abrams, fruit de l’amour entre le réalisateur J.J. Abrams (Star Wars, Star Trek…) et la productrice Katie McGrath, ne doit rien à personne, si ce n’est à son propre talent. Après un premier EP, « minor » (2020), qui lui a ouvert les portes du prestigieux label Interscope, la jeune femme continue depuis de tracer un chemin rythmé par la musique.
Dès l’âge de 8 ans, l’artiste originaire de Californie embrasse la discipline avec la batterie. Des premiers pas qui l’emmènent doucement, mais sûrement, au piano et à la guitare, puis quelques années plus tard, à l’écriture de ses premières chansons. Comme les enfants de son âge, Gracie Abrams noircit fidèlement les pages de son journal intime. Un outil essentiel à son inspiration dont elle tire la majeure partie des paroles de ces morceaux, sans jamais modifier le propos. Toujours, la chanteuse compose à cœur ouvert.
Avec sa plume, la motivation première est d’expier les angoisses et les sentiments brisés de sa génération. Une authenticité qui se ressent dans sa technique d’écriture, sans retouche, qu’elle a récemment détaillé chez nos confrères de Numéro :
« Je pense que le fait de ne pas éditer mes textes une fois jetés sur le papier, ça vient de la volonté de témoigner de sentiments les plus honnêtes et purs possibles. Et j’espère que je n’arriverai jamais à ce moment où je réfléchirai trop à mes paroles et à ce que je dévoile de moi parce ce que, ce que j’écris est désormais quelque chose de public. »
Gracie Abrams applique avec rigueur cette façon de faire depuis 2019, date où elle a publié ses premières chansons. Une année à l’allure de répétition pour finalement sortir son EP de présentation, « minor » (2020). Un projet court qui résume en 7 titres toute une tranche de vie de son auteur. Guidée par des sentiments sincères, la chanteuse raconte autant les échecs d’une relation passée (tehe) que l’importance de s’aimer soi-même (Long Sleeves). C'est un peu bateau, certes, mais ça marche.
Cette formule a été reconduite sur son premier album, « This Is What It Feels Like » (2021), toujours chez Interscope. Enfermée dans sa chambre, un endroit qu’elle chérit et qui compte beaucoup dans son processus créatif, Gracie Abrams insiste sur le terme de « bedroom pop » pour décrire sa musique, résolument mélancolique. Véritable point de départ de ses disques, il est aussi un lieu où elle nourrit son imagination ainsi que ses influences – Simon & Garfunkel, Elvis Costello, Bon Iver, Radiohead, Elliott Smith, Kate Bush ou encore James Blake. Autant de grands noms, qui n’égalent pourtant pas Joni Mitchell, sa référence ultime.
Mais pour son prochain disque, celui sur lequel elle est actuellement en train de plancher, être coincée entre quatre murs ne lui suffisait plus. Toujours pour Numéro, elle explique :
« Je suis en train de travailler sur mon second album avec Aaron Dessner du groupe de rock indépendant The National. Et c’est avec lui que j’ai fait le titre Difficult, qui vient de sortir. C’était un rêve pour moi, car j’aime sa musique depuis une décennie maintenant. J’ai commencé à écouter The National à l’âge de 12 ans. On a déjà enregistré des morceaux ensemble pour mon dernier album, dont certains dans la forêt. Il est devenu aujourd’hui l’une des personnes les plus importantes de ma vie. Il connaît l’intérieur de mon cerveau mieux que moi-même. »
Plus que de synthétiser tous les éléments exposés jusqu’ici, Difficult, témoigne d’une autre facette de l’artiste. Celle d’une personne bien ancrée dans son temps, consciente des problématiques actuelles de nos sociétés. Dans ce morceau, elle évoque la santé mentale et avoue consulter un professionnel (« To my therapist, I call her every weekend »). Une façon d’encore plus libérer les mœurs sur ce sujet devenu central.
Cette conscience de son prochain, Gracie Abrams en a donné une nouvelle preuve lors du mois de juillet 2022. Choquée par la décision de la justice américaine qui laissait les États libres d’interdire l’interruption volontaire de grossesse, elle se positionnait aux côtés de l’association National Network of Abortion Funds. Comme la chanteuse le relayait sur ses réseaux, elle a lancé une ligne de t-shirts dont « les bénéfices sont reversés à 100 % à la NNAF ».
Une démarche qui s’imbrique totalement dans ce que peuvent faire Taylor Swift, Billie Eilish ou encore Olivia Rodrigo, pour qui elle a assuré les premières parties de sa tournée SOUR. Des superstars influentes, qui soutiennent le travail et les engagements de Gracie Abrams, loin d'être lost.
Photo en une : YouTube « Gracie Abrams – Stay »
Limited edition tee is available now and 100% of the proceeds will go to the National Network of Abortion Funds. https://t.co/1soEzNAfRA
— Gracie Abrams (@gracieabrams) July 20, 2022
If you’re interested in finding out more about the NNAF and ways to get involved with your local fund, please visit https://t.co/BGvjgQ81fa pic.twitter.com/MQ5ZkJImLL