2022 M06 3
Grandir en étant la fille du roi de la pop, ça ne doit pas être simple. En plus de devoir trouver un équilibre malgré les absences d’un père toujours aux quatre coins du globe, il faut avoir les reins solides et réussir à se blinder vis-à-vis des paparazzis épiant tous vos faits et gestes. Une deuxième chose encore plus ardue quand on a passé son enfance dans le ranch de Neverland, cet imposant parc d’attractions sur lequel tous les regards étaient régulièrement posés.
Même si Paris Jackson affirmait au site PopSugar le 12 mai dernier, avoir été « élevée par un mec libre, un genre de hippie qui aimait l’amour libre », son enfance n’a pas été facile tous les jours.
Déjà, parce que le 25 juin 2009, une nouvelle tragique est tombée. À 50 ans, le King de la pop s’est éteint. Après avoir subi ce deuil de plein fouet alors qu’elle n’avait que 11 ans, Paris est élevée chez sa grand-mère. De là, va suivre une adolescence qui sera marquée par des problèmes de drogues et de santé mentale. Autant de sujets que l’on peut d’ailleurs retrouver dans sa musique.
Car oui, comme son père, Paris Jackson est une artiste. Après s’être lancée courant 2020 en duo avec Gabriel Glenn pour former The Soundflowers, la jeune femme s’est vite émancipée de son compagnon pour se concentrer sur une carrière en solo. En compagnie d’un homme de l’ombre, Andy Hull, producteur et membre du groupe Manchester Orchestra, elle a donc composé son premier album « wilted », paru en novembre 2020.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa musique s’écarte totalement de celle de son paternel. Si elle avouait à l’agence Reuters qu’en grandissant, elle écoutait de la « la soul, du R&B, du blues, du jazz et des artistes de la Motown » et que son père « jouait aussi beaucoup de musique classique à la maison, des bandes originales de films, et même le Top 40 de la radio », aucune de ses influences n’est exprimée dans son disque. Exit toutes marques de chaleur et de groove au profit d’un univers sombre et lent, qu’on pourrait croire sorti d’un film de Tim Burton.
Toujours dans la publication de Reuters, Paris Jackson confirme cette direction artistique : « L’ambiance que je privilégie actuellement, tout en conservant les racines folks, est un peu plus alternative. Je m’inspire de groupes du début des années 2000. » Comme ses contemporains à fleur de peau, la fille du créateur de Thriller adopte une sémantique similaire. Que ce soit dans les chansons Let down, Repair ou Collide, elle explore ses dérives émotionnelles, qui s’expriment par le deuil donc, mais aussi par des chagrins d’amour, un thème très central dans son œuvre.
Un premier disque cathartique qui sera suivi par un autre EP, « the lost ep », dévoilé en février de cette année. Mais comme le média Elle le rapporte dans un récent article, Paris Jackson semble avoir vaincu ses démons :
« Ce n’est qu’au cours des deux dernières années que j’ai commencé à me sentir vraiment bien dans ma peau et dans mon corps, à simplement me sentir bien. Ces moments d’amour de soi ne se produisent pas 24 heures sur 24, mais les mauvais moments sont de plus en plus rares. »
En termes de son, ça se ressent aussi. Avec la sortie de son dernier single, Lighthouse, la fille du roi de la pop a opté pour un nouvel univers. Avec des esthétiques visuelles et musicales beaucoup plus inspirées par le grunge des années 90, elle se rapprocherait presque de groupes comme Nirvana, Smashing Pumpkins ou Interpol.
Par contre, comme elle l’expliquait à Nylon, cette nouvelle identité ne trahit pas le contenu même de ses paroles, qui restent très profonds et sensibles, encore une fois inspirés par des ruptures :
« Pour mon prochain EP, je veux que [mon public] s’amuse plus. Certaines personnes me disaient que je les avais fait pleurer avec mon album “wilted”, donc j’ai hâte qu’ils dansent un peu plus. Par contre, s’ils lisent mes paroles, ils ressentiront probablement la même chose. Tous mes textes sont sombres, si ce n’est encore plus sombres. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est juste ma façon d’écrire […]. »
Quoi qu’on en dise, Paris Jackson semble désormais avoir trouvé son style. Affranchie de son lourd héritage familial qui lui aura causé pas mal de soucis, la fille de Michael Jackson suit son propre chemin. Souhaitons qu'il se termine autrement que pour son paternel.