Nouvelle tête : Voyou, nouveau hold-up de la pop française

  • Son premier EP vient de paraître chez Entreprise, et déjà le projet de Thibaud Vanhooland semble bien parti pour s’infiltrer dans toutes les têtes.

    Pas un bad boy. Le fait qu’il ait signé ses mélodies sur le label Entreprise (connu pour avoir révélé Moodoid, La Femme ou Fishbach) était déjà un indice, mais la pop de Voyou, contrairement aux apparences, n’est pas destinée aux mauvais garçons ni aux casseurs du dimanche soir. À des années lumières du rap et d’une réalité sociale, disons, plus dure ; super loin de la pop américaine déconnectée des réalités, son premier EP, tout en couleurs, décrit ce qui pourrait ressembler à la post-adolescence d’un Patrick Dewaere un peu fleur bleue, perdue dans une rame de métro des années 80.

    De la pop VHS. En général, quand on pense chanson française, on pense à un film avec Louane (actrice et chanteuse), voire dans le meilleur des cas à cette nouvelle scène qui n’hésite plus à s’inspirer d’Alain Souchon (Paradis), de Véronique Sanson (Juliette Armanet) ou de Michel Berger (Equateur). Dans le cas de Voyou, on pense davantage à Myd, Pépite ou Lucien & the Kimono Orchestra, avec l’impression que ces jeunes gens ont tous fréquenté le lycée Laurent Voulzy avec double option coolitude à la Mac DeMarco et pop synthétique. Difficile de rester insensible au charme d’un titre comme Seul sur son tandem, qui parvient à rentrer dans la tête sans marteau ni perceuse, et c’est précisément ça, la force de Voyou : parvenir à s’incruster dans le cortex avec des refrains tellement premier degré qu’on pourrait lui donner le bon Dieu sans confession.

    0% cynisme, 100% spleen. Reste à savoir si cette naïveté cache un plan plus diabolique (on en doute). Originaire de Lille et passé par la case Nantes, celui qui a déjà joué avec Rhum For Pauline, Pegase ou encore Elephanz débarque aujourd’hui naïvement dans un bocal plein de requins calculateurs prêts à tout pour réussir et bouffer tout le monde. Le sien, de calcul, semble plus sincère : ses 5 premiers morceaux s’écoutent sans arrière-pensées. C’est clair ; des voyous comme ça, on aimerait bien en croiser tous les soirs à minuit. Affaire à suivre, donc.

    En concert le 9 avril à la Maroquinerie (Paris)

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