Melissa Cross, la coach vocale du Metal

  • Issue du théâtre et de l’opéra, ancienne punk, la New-yorkaise de 60 ans s’est auto-proclamée la « Queen of Scream ». Parmi ses clients, les chanteurs de Slipknot, Lamb of God ou Bullet for My Valentine. Portrait, forcément hors norme.

    Cassée, la voix. À la fin des années 1980, Melissa Cross fait partie de l’underground punk new-yorkais avec son groupe Bibi Wa Moto (« femme en feu », en Swahili). Un soir, ils se produisent au légendaire club CBGB, qui a entre autres révélé Television, Blondie ou les Ramones. Alors, derrière le micro, elle donne tout. Soudain, au milieu d’un couplet, c’est l’accident. Elle crie, sa voix déraille puis… s’éteint. Plus un son. Rien de permanent, mais les médecins lui prescrivent six mois de silence. Un repos forcé durant lequel Melissa Cross se remet en question. Celle qui a reçu une formation en chant classique et s’est essayée à l’opéra n’en revient pas de s’être blessée comme une débutante. Sa nouvelle obsession : trouver comment crier sans se faire mal. Elle part alors en croisade pour sauver les voix des rockeurs qui hurlent leur rage à la face du monde.

    Metal Lady. Son premier élève est le chanteur du groupe trash Hatebreed, Jamey Jasta. Même si ce dernier n’est pas très assidu, le nom de Melissa Cross tourne vite dans la communauté metal made in USA. Grâce au bouche-à-oreille, les producteurs se l’arrachent. Il faut dire qu’à force de beugler tous les week-ends pendant les concerts, leurs petits protégés sont aphones en studio. C’est le point de départ d’une carrière de plus de vingt années durant lesquelles l’Américaine est amenée à bosser avec des légendes du metal comme Megadeth, Pendulum ou Slayer. Mais aussi des clients plus improbables tels que Maroon 5, Animal Collective, Santigold ou l’acteur Kevin Bacon.

    Bref, c’est la consécration : Melissa Cross multiplie aujourd’hui les conférences pour alerter sur les risques liés aux styles extrêmes de chant, devient la chouchou des late shows et se fait désormais appeler la « Queen of Scream». Classe.

    « Crier, c’est être capable d’être vrai, complétement à poil, sans avoir peur. »

    Le cri qui tue. Sa méthode, elle l’appelle le « Zen of Screaming ». Maîtriser sa colère pour que les cris soient harmonieux. « Crier, c’est être capable d’être vrai, complétement à poil, sans avoir peur », explique Melissa Cross aux animateurs du show Bridge The Atlantic. Une forme de lâcher prise, forcément difficile à contrôler. Son astuce : utiliser les bandes ventriculaires du larynx, qu’on appelle les « fausses cordes vocales ». Un moyen de moins user les « vraies », et donc de tenir plus longtemps. Ces techniques peuvent servir au quotidien : la coach avoue utiliser ses talents pour gueuler dans les bouchons. On a tous à apprendre de Melissa Cross…

    Crédits photo : Severin Schweiger.

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