Le vinyle de musique de jeu vidéo, une tendance qui monte chez les disquaires

Gamers et mélomanes : de plus en plus de joueurs font l’acquisition de la bande-son de leurs jeux favoris en vinyle. Editeurs de jeux comme de musique ont senti le bon filon.
  • C’est un bel effet secondaire. Alors que la croissance du vinyle se poursuit année après année, elle s’avère d’autant plus rapide dans un secteur particulier : la musique de jeu vidéo. Dans un article paru le 22 juin, L'Éclaireur (site de la Fnac) dresse un constat chiffré : depuis 2010, 1506 soundtracks ont été publiées sous forme de vinyles. Le site Blip Blop, qui référence ces sorties, a recensé 297 sorties en 2021, et déjà 162 disques pour la première moitié de 2022. Une croissance rapide qui s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, il faut rappeler que les moins de 35 ans sont les principaux acheteurs de vinyles, et représentent plus de la moitié des joueurs, selon une étude.

    Surtout, on constate une structuration du milieu de la musique de jeu vidéo, avec l’émergence de labels spécialisés. On peut ainsi pointer Laced Records, ou iam8bit (plus largement spécialisé dans l’édition physique de jeu vidéo). D’autres suivent le pas, comme Invada Records, label de Geoff Barrow de Portishead, déjà habitué aux musiques de film, et qu’on retrouve derrière le vinyle du mastodonte Red Dead Redemption 2

    Un beau contraste avec la situation des années 90, pourtant propice en thèmes bien aimés des joueurs, mais où Squaresoft faisait figure d’exception en éditant les musiques de ses Final Fantasy au format CD. Aujourd’hui, la musique de jeu vidéo est largement célébrée avec l’arrivée d’une catégorie dédiée aux prochains Grammy, et il n’est plus rare de voir des compositeurs jongler entre Hollywood et les jeux vidéo, à l’image de Ramin Djawadi (Game Of Thrones, Pacific Rim mais aussi les Gears Of War). Sans compter l’explosion du milieu du jeu indépendant au début des années 2010, entraînant avec lui une nouvelle vague de compositeurs talentueux.

    C’est d’ailleurs cette explosion qui explique la hausse de sorties en vinyles. Certes, ce sont de grosses licences, comme Skyrim ou Zelda, qui concentrent les ventes. Mais les jeux plus petits peuvent séduire une niche plus réduite, mais dévouée. Et donc propice à acheter des produits dérivés. Comme pour le vinyle en général, il s’agit ainsi avec ces disques d’acquérir une preuve physique de son amour pour un jeu, dans un secteur très largement dématérialisé. Et les éditeurs de jeux l’ont désormais bien compris et en font un important produit marketing. Profitant du fait que plusieurs vinyles sont souvent nécessaires pour contenir les nombreuses pistes musicales d’un jeu, les fabricants proposent de véritables objets de collection, avec des disques colorés, ou des pochettes aux formes originales et visuels travaillés.

    Certains misent également sur la venue de gros noms, à l’image des français de Dotemu et Kid Katana pour leur récent jeu Tortues Ninja. Poussant jusqu'au bout l’hommage aux années 90, ils ont ainsi invité Mike Patton, leader de Faith No More et déjà passé par le jeu vidéo, mais aussi Raekwon et Ghosftace Killah du Wu Tang Clan. D’aucun diront que ça ne vaut pas David Bowie. Mais cela reste le signe d'une communication féconde entre les deux milieux.

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