Flashback : le jour où Lennon a clashé Jagger comme un gros rappeur

La scène se passe en décembre 1970. Interviewé par Jann Wenner, co-fondateur de "Rolling Stone", John Lennon a le diable au corps. Alors qu’il prépare la sortie de son premier album solo, "John Lennon/Plastic Ono Band ", le tout juste ex-Beatles dégoupille ses meilleures punchlines. Dans cet entretien légendaire, Mick Jagger et les Stones en prennent pour leur grade.
  • La relation entre les Beatles et les Stones n’aura pas toujours été un long fleuve tranquille. Bien avant que Paul McCartney ne fustige la formation de Jagger dans les colonnes du (The) New Yorker — « Les Rolling Stones n’étaient rien d’autre qu’un groupe faisant des reprises de blues » — John Lennon ouvrait déjà la voie en 1970. Seulement quelques mois après avoir quitté les Beatles en avril 1970, il se confiait au micro de… Rolling Stone, pour dire ses quatre vérités sur les… Rolling Stones.

    Après avoir balayé d’un revers de main la rumeur qui voulait que les Beatles se soient séparés à cause de Yoko Ono (« il y a vraiment des idiots qui pensent que Yoko a causé la séparation des Beatles  ? ») arrive la question fatidique. Que pensez-vous des Stones aujourd’hui ? 

    « Je crois qu’il y a beaucoup de battage médiatique. J’aime bien “Honky Tonk Woman” [chanson parue en 1969, quelques jours après la mort de Brian Jones], mais Mick est une blague, avec toute cette danse de tapet**, je l’ai toujours pensé. J’irai probablement voir ses films et tout ça, comme tout le monde, mais vraiment, c’est une blague. »

    Ce n’est que le début. Pour la réponse suivante, lorsqu’on lui demande s’il voit plus souvent Jagger, John Lennon commence de manière assez soft, tout en faisant rentrer Allen Klein (manager des Beatles) dans la boucle. 

    « Nous nous sommes un peu fréquentés quand Allen s’est rapproché de nous — je crois que ça a rendu Mick jaloux. J’ai toujours été très respectueux envers Mick et les Stones, mais il a dit beaucoup de choses sur les Beatles, ce qui m’a blessé, parce que vous savez, moi je peux dire du mal des Beatles, mais impossible de laisser Mick Jagger le faire. »

    Arrivé là, c’est le drame. Lennon lâche les chevaux ainsi que les fu*k, et en profite pour carrément traiter les Stones de voleurs et de copieurs. Dans le texte, ça donne : 

    « Je voudrais juste énumérer ce que nous avons fait et ce que les Stones ont fait deux mois après sur chacun de leurs put*in d’albums. Chaque put*in de chose que nous avons faite, Mick les a exactement reproduites — il nous imite. Et j’aimerais au moins que l’un de vos put*in de lecteurs le remarque ! […] Je suis indigné par le fait que les Stones soient considérés comme des révolutionnaires et non les Beatles. Si les Stones l’étaient ou le sont, il en va de même pour les Beatles. Mais les deux groupes n’ont jamais été égaux, que ce soit en termes de musique ou de puissance. »

    Un dernier extrait pour la route ? Là encore, la guerre des égos continue et, en prime, le sujet de l’argent est mis sur la table. Ce qui vaut une punchline mémorable de Lennon, digne des meilleurs diss track :

    « Jagger est évidemment bouleversé par l’importance qu'ont pris les Beatles par rapport à lui ; il ne s’y est jamais fait. Maintenant qu’il est vieux, il nous attaque et radote. Je n’aime pas ça, parce que nous lui avons quand même écrit son deuxième puta*n de disque. Mick a dit : “La paix a fait de l’argent.” Nous n’avons pas gagné un kopeck avec “Peace”. »

    Vu que cette interview est aussi longue qu’intéressante, nous avons volontairement choisi les passages les plus explicites. Si vous avez du temps devant vous, vous pouvez consulter la totalité de cette dernière via ce site. Sinon, on vous laisse sur cet extrait audio, et cette ultime question. Lennon et Jagger, un clash de rockeurs bien mieux que celui des rappeurs ?

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