Au secours, les artistes des années 2000 sont de retour

La théorie se confirme depuis maintenant des décennies : la pop culture fonctionne par boucles et aime à regarder ce qui se faisait vingt ans plus tôt. Soit tout un monde, quand on est un adolescent. Et en ce début de nouvelle décennie, la théorie se confirme à nouveau : la nostalgie des années 2000 semble avoir déjà commencé.
  • Il y a des retours qu’on attend avec fébrilité. Mais pas celui-là. Après plusieurs annonces sur les réseaux sociaux, un nouveau morceau de Crazy Frog est finalement sorti. Le premier depuis un anecdotique album en 2009. Pourtant, c’est comme si rien ne s’était passé : c’est toujours la même grenouille bleue, les mêmes bruits de mobylette. Même l’univers graphique n’a pas bougé d’un pouce. Et la recette, bien sûr, est toujours la même : une reprise techno d’un morceau des années 80 (ici It’s Tricky de Run DMC). En réalité, il semblerait bien que le produit suédois vive avec son temps : désormais, le choix des morceaux se fait en fonction des tendances sur TikTok, et des NFT en lien avec Crazy Frog vont être vendus.

    Ce retour franchement opportuniste n’a rien d’une surprise. Il est symptomatique d’une accélération récente de la nostalgie des années 2000. Il y a quelques mois, on observait le retour du pop-punk. Rien d’étonnant à voir ses représentants en profiter. Ainsi, après des années à sombrer dans l’oubli et à produire une pop très oubliable, mais aussi à lutter contre de graves soucis de santé, Avril Lavigne a fait son retour au genre de ses débuts en novembre dernier, avec le titre Bite Me. Pour l’occasion, elle signe sur le label monté par Travis Barker, batteur de Blink-182. Malin, ce dernier avait déjà su profiter de ce renouveau pop punk pour jouer avec de jeunes stars comme Post Malone ou Machine Gun Kelly. On pourrait également citer les emo My Chemical Romance, récemment reformés, et prêts à jouer à l’AccorHotels Arena en 2022.

    Et ce retour des années 2000 ne concerne pas que le rock. Dans le même temps, on a également pu voir se reformer les Pussycat Dolls, bien que la pandémie ait contrarié ce retour. Et côté français, après avoir assisté aux retours de Tragédie et Kyo, l’année 2021 voit également celui des L5. Cinq ans après avoir formé les « New L5 », la formation R’n’B retrouve son line-up de départ, pour une tournée des Zénith. Le nom de la tournée : « Back To Basics ». L’occasion de ressortir une flopée d’anciennes gloires d’il y a vingt ans, comme Larusso, Matt Houston ou Willy Denzey. Ne manque plus qu’un film pour vraiment imiter « Stars 80 ».

    Au-delà des cycles naturels de la nostalgie, TikTok semble avoir un rôle à jouer dans ces retours en grâce. Les jeunes de la génération Z, nés entre 1997 et 2010, y découvrent régulièrement des titres anciens (du moins, à leur échelle). Cela peut concerner des morceaux bien antérieurs aux années 2000, comme Dreams de Fleetwood Mac. Mais ce n’est pas le plus courant. Dans une récente étude menée par Dolby Laboratories, 80 % de ces jeunes pensent que leurs goûts ne correspondent pas à leur époque. Et la majorité d’entre eux rêve d’avoir grandi… dans les années 2000.

    Toute cette nostalgie peut également prendre des formes plus indirectes. Par exemple, il n’est pas anodin que dans son dernier défi musical, il y a un mois, le youtubeur star Squeezie ait tenté d’imiter cette esthétique d’il y a vingt ans. Il ne fait que suivre l’air du temps, tout en contribuant à l’amplifier. Même chose pour le groupe de rock italien Måneskin. Une partie de leur impressionnant succès repose sur cette nostalgie. En effet, leur premier tube viral (et en particulier sur TikTok, justement) est une reprise de Beggin’, morceau popularisé auprès de toute une génération par le groupe Madcon en 2007. Comme chaque fois, une nouvelle génération découvre la culture de la précédente, et s’apprête à y apporter un nouveau regard. En résumé, il va falloir se tenir prêt. Car cette nostalgie va encore durer toute la décennie.