2023 M05 9
James Ellis Ford - « The Hum »
Il y a des artistes dont on accepterait volontiers qu'ils viennent, une fois la nuit tombée, nous conter leurs histoires personnelles, une guitare à la main. James Ellis Ford est de ceux-là. Parce qu'il a définitivement mis de côté sa passion pour la débauche électronique (époque Simian Mobile Disco), et parce qu'il se révèle sur ce premier album en mélodiste hors-pair, à l'image de tous ces artistes dont il a assuré la production ces dernières années (Arctic Monkeys, Gorillaz, Foals).
En prime, la plupart des compositions de « The Hum » sont aussi douces qu'un bisou sur le front : comme quoi, l'Anglais est bel et bien l'homme idéal pour rendre les nuits plus belles.
Date de sortie : 12 mai
Sufjan Stevens - « Reflections »
Après 27 ans à composer dans tous les sens, Sufjan Stevens pourrait faire comme font les footballeurs : prendre sa retraite et donner son avis à tort et à travers dans les médias. Heureusement, l'Américain a encore pas mal d'idées neuves, et cela s'entend illico sur « Reflections », où, aux côtés de Timo Andres et Conor Hanick, il s'aventure pour la première fois vers la musique de ballet. Un plaisir de riche dédié à un public de niche ? Peut-être, mais Thomas Bangalter vient juste de prouver que cela pouvait donner naissance à de beaux disques.
Date de sortie : 19 mai
Protomartyr - « Formal Growth In The Desert »
S’il fallait continuer à filer la métaphore avec le foot, on pourrait dire que les gars de Protomartyr n’ont rien de ces numéros 10 qui créent des ouvertures, prônent l’élégance et le beau geste. Les Américains, basés à Détroit, seraient plutôt à ranger dans la lignée de ces attaquants rugueux, durs sur l’homme et prêts à arracher les filets à chacune de leur frappe avant d’aller noyer leurs occasions manquées au pub du coin.
« Formal Growth In The Desert », leur sixième album, c’est un peu ça : un disque qui ressasse les regrets, qui mollarde sur la mélancolie, mais qui préfère le faire avec la rage et l’énergie d’un adolescent découvrant le punk-rock plutôt que dans le confort d'un fauteuil de psy.
Date de sortie : 19 mai
Laurent Garnier - « 33 tours et puis s’en vont »
Attention, légende. Véritable métronome des musiques électroniques françaises, Laurent Garnier a retrouvé le goût des studios et livre ici son premier album en huit ans. Ce qu'on y trouve ? De nouvelles pépites estampillées house, un morceau avec Alan Vega (Suicide) et l'envie très claire de ne pas jurer fidélité au passé. On l’en remercie.
Date de sortie : 26 mai
Petit Fantôme - « Stave II »
C'est un album qui n'a l'air de rien, qui ne fera certainement pas les gros titres de la presse, mais qui crée malgré tout l'évènement pour quiconque aime la pop française lorsqu'elle cite autant Grandaddy, Clams Casino et Deerhunter que Michel Berger ou L'Affaire Louis Trio - celle à laquelle le Bordelais a donné naissance en 2013 avec « Stave ». Dix ans plus tard, l'ex-membre de François & The Atlas Mountains reprend donc sa route en solitaire, prolonge les plaisirs avec un deuxième volume, et c'est toute la scène indé hexagonale qui se réveille.
Date de sortie : 26 mai
Baxter Dury - « I Thought I Was Better Than You »
Habituellement, en musique, plus on vieillit, plus on s'enferme dans un son ronronnant, sans surprise. Bonne nouvelle : Baxter Dury n'est pas un artiste « d'habitudes ». Pour son huitième album, l'Anglais assume ainsi sa passion pour le rap, se débarrasse de l'image du père (l’influent Ian Dury) et s'efface parfois même de ses morceaux pour laisser encore davantage de place aux voix féminines (Eska, JGrrey, Madelaine Hart). On pourrait parler de galanterie, on préfèrera simplement souligner la vision d’un songwriter transformé ici en véritable directeur artistique.
Date de sortie : 02 juin
King Krule - « Space Heavy »
La carrière artistique dont on rêve tous, King Krule la mène depuis 2010. Libre, sincère, jamais redondante et profondément imprévisible malgré quelques balises nécessaires, la musique du Britannique, 28 ans seulement, continue de passionner aujourd'hui encore avec « Space Heavy », un quatrième album teasé via un titre racontant l'histoire de deux golden retrievers. Parce que pourquoi pas, après tout.
Date de sortie : 09 juin
Jayda G - « Guy »
Rares sont les artistes à avoir eu cet honneur, mais ces dernières années, Jayda G, également biologiste marine spécialisée en toxicologie, a eu l'opportunité d'intervenir à la COP26, voire même de participer à un documentaire (Blue Carbon) sur l’importance des puits de carbone marins pour freiner le changement climatique.
Ça ne dit rien de sa musique, certes, mais ça vient confirmer le fait que la Canadienne est de ces personnes qui nous veulent du bien. La preuve en est avec « Guy », qui n'est pas seulement un hommage à son père, disparu il y a 20 ans : c'est une ode à l'excellence et à ces mélodies qui osent tout (house, disco, R&B, pop).
Date de sortie : 09 juin
Killer Mike - « Michael »
Vous avez déjà tapé le bout de gras avec Bernie Sanders, performé en tête d'affiche des plus grands festivals du monde entier et incarné musicalement un mouvement politique (Black Lives Matter) ? Non ? Bah Killer Mike, oui. Tout ça s'est passé avec Run The Jewels, mais il paraît indéniable que cela à créer de l’engouement autour de chaque sortie du rappeur américain. Surtout quand on sait que l'autobiographique « Michael » est son premier album solo depuis 2012.
Date de sortie : 16 juin
Grian Chatten - « Chaos For The Fly »
Allez, on triche un peu avec un album à paraître aux prémices de l’été, le 30 juin. C’est que l’on ne l’avait pas vu venir, Grian Chatten, le leader de Fontaines D.C., avec ce neuf-titres enregistré seul au nord de Dublin. Enfin, seul, pas vraiment : on retrouve ici Dan Carey à la production et tout un tas d’arpèges éloignant l’Irlandais des contrées musicales explorées en groupe.
Date de sortie : 30 juin