2023 M04 13
À chaque nouvel album de King Krule, on prend le temps d’analyser, mot par mot, les moindres détails du communiqué de presse avec le cœur empli d’espoir, persuadé d’y trouver là des mots clés capables d’expliquer ou de décortiquer le geste créatif de ce cerveau troublé. Pas de chance, celui de « Space Heavy » est pour le moment peu épais. À peine apprend-t-on que le quatrième album du Britannique a été pensé aux côtés de ses fidèles comparses (Dilip Harris, Ignacio Salvadores, George Bass, James Wilson, Jack Towell), qu’Archy Marshall est « au sommet de son art » et qu’il a souhaité questionner l’espace entre les pensées positives et négatives. Comprenne qui peut.
Une information permet toutefois d’en apprendre davantage sur la morgue, le toupet et la mélancolie à l’œuvre sur « Space Heavy » : son lieu création. Il y a effectivement une certaine logique à savoir que l’Anglais a enregistré ce quatrième long-format entre Londres et Liverpool, dans cette ville du Nord où la mélodie reste perpétuellement au centre de tout, y compris lorsqu’elle est comme ici ralentie, inquiète, brumeuse.
Autre info essentielle : écrit entre 2020 et 2022, « Space Heavy » est annoncé pour le 9 juin, toujours sur XL Recordings (Radiohead, The xx, Arca...). Ce ne sera pas encore l’été, mais ce sera tout comme à en croire Seaforth, un premier single faussement guilleret, porté par une ritournelle parfaite pour se balader l’air maussade en bord de mer. Parce que les apparences, chez King Krule, sont toujours plus complexes qu’elles ne le paraissent. Et parce qu’une telle voix, caverneuse, angoissée, n’est définitivement pas faite pour chanter bêtement l’amour à la plage.
Crédits photo : Frank Lebon.